L’HUMBLE colchique de nos automnes était utilisée dans l’Antiquité par la médecine de façon marginale en raison de sa toxicité : en tout cas, elle ne semble pas avoir été alors préconisée pour traiter la podagre (littéralement : « saisi par le pied »), un terme qui engloba longtemps nombre d’affections rhumatismales avant que le mot « goutte » ne vienne désigner plus spécifiquement des symptômes décrits plusieurs siècles avant notre ère. Il apparut vers le IXe siècle, probablement en référence à l’« humeur » tenue pour envahir, goutte après goutte, les articulations du pied malade.
Ce fut Jacques le Psychriste (457-474), un médecin byzantin, qui, l’un des premiers, préconisa de traiter la podagre par l’hermodactyle. Ce « doigt d’Hermès » était à l’époque connu sous diverses appellations, notamment celle d’éphémèron. L’ambiguïté plane toujours quant à la plante désignée et l’histoire de la colchique se mêle ainsi à celle du safran ou de l’iris nain… On ignore de même qui nomma la plante « colchique » : le Grec Dioscoride (40-90) ou l’Arabe Ibn al-Baitar (1190-1248), médecin et botaniste ? Toujours est-il que la fleur reste ainsi nimbée dans une légende, celle de la mythique Colchide, destination des Argonautes en quête de la fabuleuse Toison d’Or, berceau des Amazones, pays de la sorcière Médée… une région aujourd’hui partagée par la Turquie et l’Arménie.
La médecine ne popularisa la colchique qu’à partir du Moyen-Âge à la faveur des observations de médecins anglais. En 1764, le baron Anton von Störck (1731-1803), un médecin autrichien, publia la première étude sur son usage.
Enfin cristallisée.
En 1783, un Français, Nicolas Husson, officier d’artillerie (!), commercialisa une « Eau médicinale » qui connut un succès sans précédent et dont la formule fut tenue secrète jusqu’à ce qu’un apothicaire anglais, Want, prouve en 1814 qu’il s’agissait d’un décocté de colchique.
En 1820, Joseph Pelletier et Joseph Bienaimé Caventou isolèrent le principe actif de la plante, mais il fallut attendre 1884 et les travaux du pharmacien Alfred Houdé (1854-1919) pour que la colchicine, enfin cristallisée, puisse être exploitée.
L’alcaloïde n’avait cependant pas révélé son mystère… La suite de cette histoire nous promène à Palerme où un médecin, Biaggio Pernice (1854-1906), constata en 1889 l’existence d’anomalies mitotiques au niveau de la muqueuse digestive de chiens auxquels il avait administré une forte dose de teinture de colchique. Cette découverte était d’un intérêt absolument exceptionnel : elle prouvait qu’une substance chimique pouvait agir sur la division cellulaire. Malheureusement, décrite dans une revue confidentielle, Sicilia Medica, cette observation resta méconnue jusqu’en 1949, année où l’article fut référencé dans l’Index Medicus (regroupant toutes les publications médicales depuis 1879, et devenu notre « PubMed » sur internet). On sait aujourd’hui que la colchicine inhibe la polymérisation des microtubules cellulaires et, si elle n’est pas utilisée en oncologie, il n’est pas interdit d’imaginer qu’elle l’était peut-être jadis : Dioscoride et Galien semblent en effet y avoir recouru pour traiter des « enflures » qui pourraient avoir été des tumeurs…
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