Une semaine après le violent séisme d'une magnitude 6.2 sur l'échelle Richter qui a détruit plusieurs hameaux situés dans le Latium et les Marches, le bilan encore provisoire fait état de 292 morts, 364 blessés et 2 500 personnes sans abris. Deux enquêtes ont été ouvertes pour malfaçon et malversation dans le cadre des travaux de consolidation et de mise à norme aux dispositifs parasismique après le séisme de 1997.
À cela s'ajoutent les polémiques sur la distribution gratuite de médicaments homéopathiques organisée dans les campements d'accueil d'urgence pour les rescapés par l'hôpital de Pitigliano. Cette petite structure publique située dans la région de la Maremma, en basse Toscane, où le département d'homéopathie a été inauguré en 2011, avait déjà monté une opération identique en 2009 après le séisme qui a détruit la cité médiévale de l'Aquila dans les Abruzzes. À l’époque, la chose était passée inaperçue.
Aujourd'hui, en revanche, l'initiative de l'hôpital de Pitigliano, la première structure de médecine non conventionnelle en Italie, suscite la colère du corps médical et pharmaceutique. « Cette décision est inacceptable compte tenu du contexte d'urgence. On ne peut pas gaspiller l'argent public en sponsorisant une pseudo-science. Les rescapés ont besoin d'une assistance médicale efficace et pas de placébos ! », s'indigne Marcello Lenga, chercheur et psychologue.
D'autres s'interrogent sur les vraies raisons de l'opération montée par la structure de Pitigliano, soutenue dans sa démarche par la Région de Marches, qui veut faire reconnaître les médecines complémentaires comme l'homéopathie. « Cette opération est étonnante de la part d'un hôpital du service public qui devrait s'en tenir à la médecine traditionnelle, l'homéopathie n'étant pas reconnue en Italie, contrairement au Royaume-Uni », déclare le médecin urgentiste Marco Macrì.
Les pharmaciens mobilisés
Du côté des pharmaciens, la réaction est identique. « Le geste est généreux mais le moment n'est guère approprié. L'homéopathie est un traitement compliqué. Il ne faut pas toucher les comprimés, qui doivent être pris à heures fixes. Comment les rescapés qui se trouvent dans des camps de fortune, peuvent-ils observer de telles règles ? », s'interroge Maria Triscari. Officiellement, les instances représentant les titulaires n'ont pas réagi. Mais elles préfèrent prendre des décisions « plus appropriées aux circonstances actuelles », souligne Paolo Pagano, titulaire d'une officine situé dans le quartier du Colisée.
Depuis le séisme, le monde pharmaceutique se mobilise pour aider les survivants. Ainsi, L'AS.S.PRO.FAR, l'association syndicale des pharmaciens titulaires d'officines de Rome et du Latium, a ouvert un compte courant bancaire. « Nous avons décidé de faire des donations qui permettront aux officines situées dans les zones touchées par le séisme de rouvrir et d'aider les rescapés qui ont besoin d'un suivi pharmaceutique sérieux », confie Paolo Pagano.
Pour sa part, l'Adf, l'association des distributeurs pharmaceutiques italiens, est prête à intervenir pour approvisionner rapidement les pharmacies et les hôpitaux ayant pris en charge les patients évacués des deux structures publiques d’Amatrice et Amandola qui se sont effondrées et les blessés. « Une cellule de crise a été mise en place à Rome pour coordonner la distribution et permettre à nos représentants de se mettre en relation avec les structures hospitalières et les officines », indique Mauro Giombini, président de Adf.
Accusée de « supercherie et de vouloir profiter de la situation », la direction de l'hôpital de Pitigliano préfère faire profil bas. En revanche, le département de la région des Marches, cloué au pilori sur les réseaux sociaux par les internautes en colère, tente d'éteindre l'incendie. Dans un communiqué, le responsable du département explique que « les produits homéopathiques seront distribués gratuitement par l'hôpital de Pitigliano aux rescapés qui les demanderont et qu'ils ne coûteront pas un centime d'euro au système sanitaire italien ».
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