Si la toxicité cardiaque de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine est connue, elle ne semble pas suffisamment prise en compte lors de certaines prescriptions, et absolument pas lorsque des patients la prennent en automédication dans le but de lutter contre le Covid-19. En conséquence, on recense ces jours derniers des cas de troubles du rythme cardiaque et des arrêts cardiaques parfois fatals.
Dès jeudi dernier, un médecin anesthésiste-réanimateur racontait sur Twitter la prise en charge d’une jeune « retraitée plutôt active » sous bêtabloquant. Son mari ayant été diagnostiqué possiblement Covid-19 et au vu de symptômes légers, elle consulte, mais pas son médecin habituel. Sa prescription : quinine (Okimus) et azithromycine. Résultat chez cette patiente (atteinte d'un syndrome du QT long) : fibrillation ventriculaire, puis arrêt cardiaque « heureusement récupéré » et en bonne voie. Ce témoignage est loin d’être isolé.
Vendredi, le Réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance (RfCRPV) publiait une alerte commune avec la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT). Soulignant que l’utilisation d’hydroxychloroquine et d’azithromycine, « en particulier en association, fait courir des risques d’effets indésirables graves, en particulier cardiaques », dont plusieurs cas leur ont été rapportés, ils rappellent que ces médicaments n’ont à ce jour pas fait la preuve de leur efficacité dans le Covid-19.
Dimanche, c’était au tour de l’agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine de communiquer sur ses propres signalements. « Des cas de toxicité cardiaque ont été signalés dans la région à la suite de prise en automédication de Plaquenil face à des symptômes évocateurs de Covid-19, ayant parfois nécessité une hospitalisation en réanimation. » L’ARS alerte sur les dangers de ce médicament « qui ne doit en aucun cas être pris en automédication » mais doit faire l’objet d’une « prescription adaptée » et d’une « surveillance (…) pour éviter la survenue d’événements indésirables graves, mais aussi des hospitalisations en réanimation » dont les places sont « actuellement précieuses ».
Ces alertes sont d’autant plus importantes que l’emballement médiatique se poursuit autour de l’usage de ces médicaments, encore amplifié vendredi avec la publication des résultats d’une nouvelle étude du Pr Raoult et de son équipe sur le site Internet de l’IHU de Marseille. Avec les mêmes réactions critiques de la communauté scientifique : pas de groupe contrôle et résultats similaires à l’évolution « naturelle » de la maladie chez des patients sans traitement spécifique. Samedi, lors d'un point presse, Olivier Véran a indiqué qu’il appuyait toutes ses décisions « sur les recommandations des sociétés savantes : elles ont été sept à dire que les données cliniques et biologiques dont nous disposions étaient bien trop insuffisantes pour prendre le risque de prescrire (ce) traitement (autrement) que dans ces conditions ».
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %