Si la prescription et l’administration (par les infirmiers ou les patients eux-mêmes) sont des étapes susceptibles d’engendrer des erreurs médicamenteuses, la dispensation représente elle aussi une étape-clé dans le circuit. En 2013, sur environ 3,1 milliards de boîtes de médicaments vendues (1), correspondant à plus de 11 000 spécialités pharmaceutiques, soit 2 800 substances actives, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a reçu 12 447 signalements d’erreurs médicamenteuses ou de risques d’erreurs médicamenteuses.
Noms similaires
La similitude des noms (2) - entre médicaments princeps ou génériques, ou entre médicaments et compléments alimentaires ou dispositifs médicaux -, est la cause principale de l’erreur identifiée dans le signalement. Dans ce type de cas, les deux tiers des erreurs conduisent à une administration effective au patient, et un tiers est alors associé à un effet indésirable.
Effets indésirables
Parmi les noms trop proches pouvant induire une confusion, on note par exemple la Tazocilline (médicament princeps) et le tazobactam (un de ses principes actifs) dont la proximité peut entraîner une erreur dans le calcul de la dose à administrer ; mais aussi la Prostine VR et la Prostine E2 qui ont des noms voisins mais des indications totalement différentes : la première est indiquée dans le maintien temporaire de la perméabilité du canal artériel et la seconde dans le déclenchement de l’accouchement à terme. Les risques peuvent ainsi être le surdosage (ou le sous-dosage), ou le fait de donner un médicament sans rapport aucun avec la pathologie à traiter – ce qui ne soigne pas le patient, et peut aggraver la prise en charge.
Comment les éviter
L’utilisation d’ordonnance informatisée, et non manuscrite, par les médecins permet une meilleure lisibilité à l’officine, mais le pharmacien peut aussi directement agir à son niveau. L’analyse de l’ordonnance, la sélection des médicaments, et le stockage en amont, bien organisés, peuvent ainsi limiter certaines erreurs.
Apposer des alertes sur les médicaments portant des noms de spécialités ou de DCI (dénomination commune internationale) proches, permet ainsi de les repérer et d’éviter l’erreur au moment de la collecte des produits dans les tiroirs.
Un rangement par bioéquivalents permet aussi d’éviter la confusion entre un princeps et le générique d’un autre médicament si leurs noms sont proches. L’idée étant d’adapter votre système de rangement de la façon qui vous convient le mieux pour être plus vigilant.
L’analyse de l’ordonnance est aussi nécessaire dans ce propos : quand on connaît bien le patient, on peut repérer certaines incohérences, et il faut alors s’assurer que les changements observés sont logiques ; et si le patient est inconnu, et que l’on a le moindre doute, on peut aussi lui poser directement la question (et appeler le médecin si le patient ne peut répondre).
Enfin, un double contrôle (au moment du paiement ou en fin de journée pour toutes les ordonnances du jour), ou un double regard (par deux pharmaciens ou par un pharmacien et un préparateur) permet de repérer certaines erreurs. Si ce repérage a lieu a posteriori, il conviendra de rappeler le patient pour lui demander de rapporter la boîte concernée.
Signalements
Si vous constatez une erreur de médicament ayant entraîné un effet indésirable, déclarez-la au Centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de compétence géographique. Et s’il s’agit d’une erreur médicamenteuse sans effet indésirable, d’une erreur potentielle ou d’un risque d’erreur, prenez contact avec l’ANSM. C’est ce qui permet à l’agence d’alerter l’ensemble des professionnels de santé sur un risque existant, mais aussi de faire modifier par les laboratoires pharmaceutiques des chartes graphiques ou des dénominations pouvant entraîner un risque d’erreur.
2) Ces confusions de noms sont recensées dans une liste, mise à jour et diffusée de façon annuelle dans le bulletin des vigilances de l’ANSM.
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