TOUTES LES ENQUÊTES le montrent* : nos adolescents sont peu suivis sur le plan médical. Ils sont sous-vaccinés, leurs rappels sont trop souvent oubliés et les possibilités de rattrapage négligées. Cette situation est à l’origine de la résurgence d’un certain nombre de maladies infectieuses, telles que la coqueluche ou la rougeole, et d’une mauvaise protection des adolescents vis-à-vis de l’hépatite B et des papillomavirus.
Les nouvelles recommandations stipulent notamment que tous les enfants doivent avoir reçu deux injections d’un vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole à l’âge de 2 ans. « Mais il reste un pourcentage élevé d’adolescents qui ont été vaccinés, dans leur petite enfance, avec une seule injection. Résultat : depuis 2008, 604 cas de rougeole ont été déclarés contre 40 en 2007**. De même, seulement 57 % des adolescents* reçoivent les cinq doses préconisées de vaccin contre la coqueluche. Et la situation de l’hépatite B est encore plus catastrophique, avec un taux de couverture vaccinale de 39 % chez les adolescents », déplore le Dr Georges Picherot, chef du service de pédiatrie du CHU de Nantes.
Une opinion favorable.
En général, c’est à l’occasion de la rentrée des classes que parents et médecins font un point sur la vaccination des enfants. Mais, bien souvent, les adolescents (11/18 ans), perçus par les parents comme des grands, solides et en bonne santé, ne sont pas associés à cette démarche. « Les adolescents ne sont plus systématiquement confrontés à un système de santé leur permettant de rattraper les vaccinations non à jour (disparition des vaccinations en milieu scolaire et du service militaire). Ce qui n’est pas le cas des enfants, suivis très régulièrement par un médecin généraliste, un pédiatre ou par la PMI », souligne le Dr Picherot. Plus de 95 % des adolescents ont une opinion très favorable de la vaccination. « Pourtant, ils ne consultent presque jamais le médecin avec l’objectif de se faire vacciner. De même, pour les parents, la nécessité de faire des rappels chez leurs adolescents est moins présente que chez leurs enfants », note le pédiatre.
Faut-il vraiment faire vacciner les adolescents contre l’hépatite B et le papillomavirus humain ? Comment leur parler des infections sexuellement transmissibles ? Les parents et les médecins n’osent pas toujours évoquer cette dernière question sensible. Ce que regrette le Dr Hélène Borne, gynécologue à Paris : « Les infections à papillomavirus surviennent souvent dès l’adolescence et touchent plus de deux femmes sur trois. Des caresses sexuelles suffisent pour les contracter, la pénétration n’est donc pas nécessaire. Dans 90 % des cas, le papillomavirus est spontanément éliminé. Mais dans 10 % des cas, l’infection persiste et peut provoquer à terme des lésions génitales, parmi lesquelles le cancer du col de l’utérus. Il faut banaliser le HPV et sa vaccination. Celle-ci doit être effectuée à l’âge de 14 ans, avec un rattrapage possible entre 15 et 23 ans. »
Les médecins ont aussi un rôle important à jouer auprès des adolescents : « Ils sont les seuls acteurs aptes à leur proposer la vaccination. Mais ils ont davantage le réflexe de vacciner les nourrissons. Le calendrier vaccinal des adolescents est moins spécifique que celui des nourrissons. Et rares sont les adolescents qui consultent avec leur carnet de santé. Dans l’attente d’une vraie consultation de prévention dédiée aux 11/18 ans, les médecins doivent donc profiter de chaque rendez-vous pour faire le point sur la vaccination des adolescents », conclut le Dr Picherot.
* D. Antona, L. Fonteneau, D. Lévy-Bruhl et al. : Couverture vaccinale des enfants et adolescents en France : résultats des enquêtes menées en milieu scolaire, 2001- 2004. BEH, 13 février 2007 ; n°6 : 45-52.
V. Grassullo, E. Hausherr, B. Petiet et al. : Enquête de couverture vaccinale chez les adolescents scolarisés en classe de troisième. BEH, 13 juin 2000 ; n° 24 : 101-5.
** www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/ rougeole/ plan_elimination_rougeole.pdf
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