C’EST LE SERPENT qui se mord la queue : alors que Marisol Touraine incite les parents à vacciner les nourrissons, la France est confrontée à une pénurie de vaccins sans précédent. En effet, depuis la fin 2014, il existe des tensions d’approvisionnement en vaccins combinés renfermant la valence contre la coqueluche, « à la suite d’une épidémie survenue dans plusieurs pays occidentaux qui a fait augmenter la demande mondiale », rapporte l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Sont concernés les vaccins tétravalents (DTPCa) et pentavalents (DTPCa + Hæmophilus influenzae b). Selon les fabricants, aucun retour à la normale n’est prévu avant 2016. En conséquence, c’est le vaccin Hexavalent (DTPCa + Hib + hépatite B) qui est recommandé à la place chez les nourrissons.
Autre pénurie : celle de vaccin BCG, notamment recommandé chez les enfants à risque élevé de tuberculose. Selon Sanofi Pasteur MSD, le retour à la normale est prévu mi-2015, et le laboratoire recommande de différer la vaccination. Si tel n’est pas possible, des flacons multidoses ont été mis à disposition dans les PMI et les centres de lutte antituberculeuse.
Enfin, les difficultés d’approvisionnement touchent le kit couplant le DTVax et l’Imovax polio, qui peut être fourni gratuitement par Sanofi Pasteur MSD à la demande du médecin traitant. Le laboratoire propose un produit de substitution importé du Canada, qui est mis à la disposition des patients français aux mêmes conditions.
Une pétition controversée.
Dans ce contexte tendu, des militants anti-vaccins n’ont pas hésité à s’engouffrer dans la brèche. Notamment le Pr Henri Joyeux, dont la pétition contre la vaccination a fait grand bruit. Le texte, très alarmiste, affirme que l’Infanrix Hexa, proposé dans le contexte de pénurie, contient des substances très dangereuses. La pétition aurait recueilli près de 500 000 signatures. Toutefois, tout le monde n’a pas adhéré aux idées du Pr Joyeux, cancérologue et ex-président de l’association traditionaliste Familles de France, qui s’est aussi distingué pour ses prises de position contre l’avortement. Des experts de la vaccination, et même la très reconnue Société de pathologie infectieuse de langue française, se sont clairement positionnés en faveur de la vaccination et ont « dénoncé vigoureusement » les inepties de la pétition. Même la société E3M, qui milite pour le retour des vaccins sans aluminium, s’est déclarée contre la démarche « éthiquement contestable » du Pr Joyeux.
Dans ce contexte perturbé, côté grand public, on peut néanmoins se réjouir d’une progression de l’adhésion à la vaccination : selon le baromètre 2014 de l’INPES, 79 % des Français se déclarent favorables à la vaccination, alors qu’ils n’étaient que 61 % en 2010. Mais encore 10 % d’entre eux refusent systématiquement de se faire vacciner.
Les méfaits de la non-vaccination.
On peut cependant espérer que les réticences s’atténuent encore, face à certains événements venant démontrer les méfaits de la non-vaccination. Ainsi, du fait d’une couverture vaccinale insuffisante, les épidémies de rougeole ont flambé aux États-Unis, en Allemagne et, récemment, en Alsace. Autre exemple en Espagne, où un enfant de 6 ans non vacciné a contracté la diphtérie. Il est hospitalisé, sous assistance respiratoire et cardiaque. À l’inverse, on citera le Nigeria, qui n’a pas connu de contamination de poliomyélite depuis juillet 2014, alors que le pays recensait 338 cas en 2009. Une victoire qui fait suite à une forte campagne de sensibilisation et de vaccination.
Il n’est pas toujours facile de montrer les bienfaits d’une stratégie qui ne soigne pas, mais qui empêche d’être malade. C’est toute la complexité de l’adhésion aux mesures de prévention. L’Australie a peut-être trouvé une solution, certes radicale, pour que tous les enfants soient vaccinés. Son premier ministre, Tony Abbott, a prévenu que les parents qui refuseraient la vaccination seraient privés de certaines allocations familiales (qui peuvent parfois atteindre plus de 10 000 euros par an et par enfant). « Pas de piqûre, pas d’argent » : le slogan pourrait faire réfléchir plus d’un parent.
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