MAINTES fois annoncée, sa mort est désormais effective. La vignette s’est éclipsée du monde officinal au début de l’été. Né en 1952, devenu adhésif en 1977, ce petit rectangle comportant prix et taux de remboursement du médicament, faisait partie de la vie des Français au même titre que la vignette auto, disparue elle, en 2011. Son application devant chaque ligne de prescription était devenue un rituel pour les assurés, quand ce n’était pas tout bonnement le pharmacien qui s’y collait !
Fin d’une exception française.
Sa suppression a été évoquée pour la première fois en 1999, dans la foulée de la réforme de la marge officinale, puis en 2000, 2004 et 2005. À chaque fois repoussée sous la pression des professionnels de santé, sa disparition est recommandée au 1er janvier 2013 par le rapport de l’IGAS de juillet 2012, qui promet d’en dégager une économie de 3 millions d’euros, soit 0,014 % des ventes fabricants ! C’est toutefois une donnée rationnelle - l’épuisement programmé des codes CIP à treize chiffres au 30 juin 2014 - qui aura raison de cette « spécificité » de la pharmacie française. Et de ce « frein injustifié à un fonctionnement optimal du système de fixation des prix et des conditions de prise en charge », comme l’en accusait le rapport de l’IGAS.
Il faut dire que, au fil du temps, la vignette était devenue décorative. La carte vitale et l’informatisation de la feuille de soins l’avaient rendue redondante aux côtés de codes d’identification des médicaments autrement plus performants. Car le Datamatrix et le CIP 13 (remplaçant le CIP à 7 chiffres), avaient anticipé la fin de la vignette et, avec elle, celle du code-barres dans le processus d’identification du médicament et de son conditionnement.
Apprentissages.
En s’effaçant du monde officinal, la vignette a entériné un nouveau vocabulaire au comptoir. Outre le CIP et le Datamatrix, on y parlera plus désormais que de ticket Vitale - les données codifiant le médicament imprimées par le pharmacien au verso de l’ordonnance - ainsi que de fichier CEPS, pour le référentiel national de prix auquel les logiciels officinaux de dispensation doivent être reliés pour une mise à jour quotidienne. Voire de SESAM-Vitale version 1.40, seule version désormais compatible.
En matière d’apprentissages, les titulaires et leurs équipes ont donné les preuves qu’ils savaient s’adapter rapidement. Alors que, en juillet 2012, le rapport de l’IGAS faisait état d’un taux de d’équipement des officines en matériels (lecteurs optiques notamment) de 70 % et d’un taux d’équipement en logiciel de 20 %, elles manient quasiment toutes le lecteur Datamatrix et ont changé les systèmes de lecture de leur robot et du chargeur.
Nouvelles inconnues.
Mais la souplesse a ses limites. Cinq mois après le grand chambardement, un certain nombre de titulaires n’avaient toujours pas été rémunérés pour les boîtes de médicaments encore conditionnées sous vignettes. Saisie par l’UNPF, l’assurance-maladie n’avait pas encore statué sur leur sort fin décembre.
Enfin, dernière question à régler : le support de l’affichage du prix, qui reste obligatoire. En ce qui concerne le médicament prescrit, la solution est simple, le prix étant imprimé sur le ticket Vitale. Les pharmaciens et leurs syndicats, longtemps opposés à la disparition de la vignette, continuent cependant d’émettre des doutes sur la lisibilité de celui-ci.
Pour le médicament de prescription facultative acheté sans ordonnance, en revanche, les choses se corsent. Certains titulaires choisissent d’étiqueter toutes ces boîtes. D’autres pharmaciens optent pour l’édition d’un catalogue papier ou électronique, solution fastidieuse et soumise à une actualisation constante. Le gouvernement quant à lui a tranché. Il a ouvert un site (www. medicaments.gouv.fr) accompagné de son application mobile téléchargeable, permettant de connaître le prix de chaque médicament en temps réel. Patients, à vos tablettes !
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