MARISOL TOURAINE veut donner un nouvel élan aux médicaments génériques. Car, estime la ministre de la Santé, « des progrès importants ont été faits, mais s’agissant des parts de marché de ces médicaments, nous restons en retard par rapport à nos voisins, notamment parce qu’en France les médicaments chers et nouveaux sont fréquemment prescrits ». Dans ce contexte, la ministre doit donc dévoiler prochainement un plan d’action en faveur du développement de ces médicaments. Plusieurs mesures ont d’ailleurs déjà été adoptées par les députés dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2015, tels un élargissement du répertoire aux médicaments dont la substance active est d’origine végétale, ou l’autorisation de la substitution des médicaments administrés par voie inhalée.
De nouvelles dispositions qui viendront s’ajouter à celles déjà mises en place depuis quinze ans pour toujours augmenter le taux de pénétration de ces médicaments. Avec plus ou moins de réussite. Pour Jean-Michel Peny, président de Smart Pharma Consulting, qui vient de réaliser une analyse du marché des génériques dans l’Hexagone, « le droit de substitution avec l’égalisation des marges des princeps et des génériques, la révision des marges des pharmaciens et le dispositif "tiers payant contre génériques", sont les trois facteurs clés du développement du marché français ». À lui seul, ce dernier a permis une augmentation de la substitution de 15 à 20 points, souligne-t-il.
Depuis 2012, au-delà de la systématisation du principe du tiers payant contre génériques, l’augmentation de l’objectif national de substitution et l’introduction d’incitations financières individuelles pour les pharmaciens atteignant certains objectifs sur des groupes génériques déterminés (ROSP*), sont les deux leviers qui ont également fait progresser le taux de substitution. Un taux qui avait décliné depuis 2008 du fait de l’augmentation des mentions « non substituable ».
Les officinaux, principal moteur.
En fait, observe Jean-Michel Peny, les officinaux restent le principal moteur du développement du marché : « Le taux de prescription en DCI (dénomination commune internationale) des médecins étant relativement limité, la pénétration générique est principalement liée à la substitution en pharmacie ». Selon l’étude de Smart Pharma Consulting, environ un quart seulement des prescriptions au sein du répertoire des génériques se fait en DCI, alors que cette pratique est obligatoire depuis 2009, mais non assortie de sanctions ni d’incitations pour les médecins. « La loi "Bertrand" publiée en décembre 2011, prévoit d’étendre cette obligation à partir du 1er janvier 2015, à l’ensemble des médicaments prescrits, souligne Jean-Michel Peny. Les médecins pourront toutefois compléter la DCI par le nom de marque. De plus, des incitations financières pour les médecins prescrivant au sein du répertoire ont été mises en place depuis 2009. »
Au-delà de la prescription en DCI, la pénétration des génériques peut être notablement augmentée par le nombre de génériqueurs présents sur le marché, comme dans le cas des antidiabétiques oraux, relève l’étude, qui note aussi que l’un des freins est l’utilisation de la mention « non substituable » par les prescripteurs. D’autres facteurs peuvent expliquer la résistance à la substitution, tels que la complexité de la pathologie ou une marge thérapeutique étroite de certains produits. Quant aux refus de substitution de la part des patients, Jean-Michel Peny estime qu’ils ne sont pas liés à la forme galénique du médicament, mais à la mauvaise image des génériques véhiculée par certains médias.
Pour en savoir plus retrouvez ici l’extrait de l’étude de Smart Pharma Consulting. Et le rapport complet sur le site www.smart-pharma.com.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %