« Les génériques, ça se mérite ».
On ne change pas une formule qui gagne. La caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) a lancé jeudi la deuxième édition de sa campagne de communication en faveur des médicaments génériques en partenariat avec le ministère de la Santé et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Objectif : lever les derniers blocages qui subsistent chez les patients. En effet, près de 30 % d’entre eux sont encore réticents à prendre des médicaments génériques, selon un sondage BVA réalisé pour l’occasion*. Sur une échelle de 1 à 10, leur niveau de confiance est stagnant, à 6,9/10. Un paradoxe, alors que le taux de satisfaction du grand public est de 91 %. « Il y a une suspicion généralisée sur les médicaments, qui reste dure à faire bouger », analyse Nelly Haudegand, chef de la communication en charge de la campagne pour la CNAM.
Les barrières peuvent être liées à un changement d’aspect du médicament par rapport à l’original, une perception d’effets indésirables, un sentiment d’efficacité moindre, la crainte d’une erreur de dosage pour les patients polymédiqués etc. D’où la volonté de la CNAM de poursuivre le travail de pédagogie, en donnant « des conseils pratiques aux patients » : respecter la posologie et la prescription, signaler à son médecin « tout événement qui peut influencer la tolérance d’un traitement », « toute réaction anormale à un médicament », bien repérer « quel médicament est remplacé par un générique ». Ces « clefs de compréhension » seront déclinées à la télévision jusqu’au 13 octobre, puis à la radio du 14 au 28 octobre, mais également sur les sites de l’assurance-maladie et du gouvernement.
51 % des patients sans préférence
Pour autant, si des progrès peuvent être faits, la CNAM souligne des enseignements « encourageants » par rapport à l’année dernière. Par exemple, les personnes interrogées acceptent d’avoir recours aux médicaments génériques dans 73 % des cas quand elles sont malades, et à 58 % en cas de maladie chronique, soit six points de plus qu’en 2016. Les médecins indiquent également échanger plus fréquemment sur le sujet avec leurs patients (74 %), soit 12 points de progression. La confiance des praticiens dans les génériques est en légère hausse : elle est passée de 6,6 en 2016 à 7 sur 10 en 2017. Ils ne sont plus que 26 % à être hésitants à en prescrire, contre 39 % l’année dernière.
La connaissance du sujet est aussi meilleure : 75 % des généralistes disent savoir la capacité des génériques à soigner des maladies graves comme les cancers, contre 64 % en 2016, et les 3/4 en prescrivent dès qu’ils le peuvent. « Le taux de mention non substituable, qui avait crû régulièrement ces dernières années, a également été freiné pour retomber à 8,3 % en 2016 », indique Nelly Haudegand. Enfin, la distinction entre médicament générique et d’origine s’affaiblit, puisque 51 % des patients indiquent qu’ils n’ont pas de préférence entre les deux.
Cette opinion plus favorable devrait encore grimper, espère la CNAM. En plus de la campagne médiatique, des experts répondront aux questions des patients sur le site du ministère de la Santé jusqu’au 20 décembre. Pour les professionnels de santé, deux nouveaux mémos d’information sont disponibles, et l’application mobile « e-mémo génériques », qui permet de vérifier si une molécule est inscrite au répertoire des génériques parmi les classes thérapeutiques les plus remboursées, a été mise en place.
* Enquête réalisée par téléphone en mars 2017 auprès d’un échantillon représentatif de 1 003 personnes, de 300 médecins généralistes et 300 pharmaciens d’officine.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %