Un sondage* effectué auprès de pharmaciens titulaires en officine révèle que 51 % d'entre eux souhaitent disposer d'une clause de conscience. Ceux-ci estiment qu'elle pourrait être évoquée lors de « situations de fin de vie et de mise en danger de la vie du patient ». Ces résultats sont tout à fait surprenants et rassurants : ils démontrent que, pour une majorité des officinaux, la conscience des risques encourus par la prise de médicaments est omniprésente : maniement suspect de certains produits utilisés en fin de vie à doses inhabituelles, mauvaise utilisation de médicaments (contre-indications non prises en compte, posologies excessives, hors AMM), emploi hasardeux et trop peu documenté de molécules ayant un rapport bénéfices/risques défavorable.
Ces chiffres révèlent un constat et appellent plusieurs questions. D'après ce sondage, nous nous trouvons bien en dehors de toute posture idéologique et de tout jugement d'opinion. Pour ces confrères, leur profession ne se résume pas à la délivrance techniquement et légalement conforme des ordonnances qui leur sont présentées. Pour eux, une exigence est occultée : celle de leur responsabilité. Car un acte contraint par un mécanisme uniquement légal est-il un acte responsable ? Cet engagement responsable n'est-il pas en même temps un des marqueurs essentiels d'une profession libérale comme la nôtre ? N'est-il pas un ressort essentiel dans notre motivation professionnelle et humaine ?
Ces chiffres suscitent, également, d'autres questions : en tant que soignants, les pharmaciens, avec les autres professionnels de santé, n'auraient-ils pas intérêt à développer en urgence des formations en vue de prendre en compte les questions éthiques inhérentes à leurs exercices ? À expérimenter davantage des lieux de dialogue interprofessionnels afin de mieux argumenter et approfondir certains de leurs jugements et prises de décisions faits en conscience ? À l'heure où les étudiants demandent une formation universitaire plus pointue, n'est-il pas nécessaire de mettre en place des rencontres interdisciplinaires apprenant à dépasser un point de vue exclusivement scientifique par des « mises en questions » de situations réelles ? Et ceci, afin de permettre de découvrir l'intérêt de projets de soins plus globaux construits à partir d'une coopération entre différents professionnels ?
Ces temps permettraient à chacun de se resituer régulièrement par rapport à son engagement professionnel en se posant la question : quel sens est-ce que je désire donner aux soins que je prodigue ? Ne serait-ce pas ce travail fait en conscience qui permettrait d'éviter toute « banalisation de l'humain » ? Mais aussi de préserver, voire de promouvoir cette motivation indispensable pour mener « heureusement » sa vie professionnelle et retrouver cette responsabilité comme ressort de notre nécessaire évolution.
* 410 titulaires d’officine interrogés en mai 2016 par Occurrence Healthcare http://occurrence.fr/un-titulaire-dofficine-sur-deux-favorable-a-la-cla….
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