LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Quels sont les principaux enseignements de votre étude ?
JEAN-MICHEL PENY. – Même si le marché français des génériques affiche une croissance de 16 % en volume et de 13 % en valeur pour atteindre 3,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2013, la situation n’en demeure pas moins critique pour les acteurs du marché. La profitabilité de la plupart des génériqueurs est négative. La nouvelle loi relative au plafonnement des remises à 40 % pour les génériques devrait se traduire par une détérioration de leur profitabilité actuelle, avec une répercussion très probable sur les conditions commerciales offertes aux pharmaciens d’officine.
Quelle a été l’évolution du marché au cours de ces dernières années ?
Le dynamisme du marché des médicaments génériques au cours de ces dernières années repose essentiellement sur la mise en place de mesures incitatives de la part des autorités de santé (généralisation du tiers payant contre génériques, etc.) et sur la chute de nombreux brevets de médicaments à prix élevés et à volumes importants.
Que faudrait-il pour que le marché progresse encore ?
Pour dynamiser le marché des génériques vendus en officine, les autorités pourraient élargir la définition des génériques et surtout agir au niveau des médecins. Si les pharmaciens restent la pierre angulaire du marché, son développement futur est principalement entre les mains des médecins. En effet, avec un taux de substitution proche de 80 %, les pharmaciens peuvent encore, au prix d’efforts importants, espérer gagner une dizaine de points par une substitution plus systématique. Toutefois, si nous voulons que les génériques représentent, comme en Allemagne, plus de 50 % de l’ensemble des volumes de médicaments, contre 31 % actuellement en France, il faut alors que les médecins se mettent à prescrire davantage au sein du répertoire.
Quelles sont les perspectives pour les prochaines années ?
Le marché continuera à croître en volume, mais à un rythme plus faible (+5 % en moyenne par an d’ici à la fin 2017), en raison du plafonnement de la pénétration des génériques au sein du répertoire de l’ANSM*. Les mesures visant la prescription en DCI des médecins devraient toutefois faciliter l’augmentation de cette pénétration, qui pourrait atteindre 90 à 95 % maximum d’ici fin 2017. Les prochaines pertes de brevets vont surtout concerner des médicaments de spécialistes pour lesquels la pénétration des génériques est en général plus limitée.
Les autorités vont continuer à appliquer des baisses de prix régulières sur les génériques, d’où une croissance annuelle du marché estimée à seulement 1 % en valeur au cours des trois prochaines années. Ces mesures ne vont pas arranger la performance économique des génériqueurs ni celle des officinaux. Mais, il est tellement facile pour les autorités d’appliquer des baisses de prix, qu’elles auraient tort de s’en priver !
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