Dimanche après-midi, Jean Loaec, directeur de la stratégie chez Mylan et désigné pour représenter le GEMME à la table ronde du « Quotidien » sur les génériques et les biosimilaires, a marqué les esprits en indiquant que « la position du GEMME risque d’évoluer » quant à la substitution biosimilaire par les pharmaciens. Depuis plusieurs mois, le désaccord sur le sujet au sein de l’association est palpable. Pascal Brière, à la tête de Biogaran, a été le seul à se positionner en faveur de la substitution biosimilaire par le pharmacien… et pour une application immédiate, sans attendre le décret prévu par la loi de décembre 2013.
Depuis cette prise de parole, la Direction générale de la santé (DGS) a réagi en indiquant que la substitution n’est pas possible sans décret. Mais pas le GEMME. C’est dire si l’intervention de Jean Loaec était attendue. « Concernant la position de Pascal Brière, je pense que de temps en temps il faut savoir bousculer les choses. Il a voulu créer un électrochoc, il ne faut pas condamner cette action dont le but est d’accélérer les choses. C’est en faisant des actions comme celle-là que la substitution générique a pu se mettre en place », rappelle-t-il.
L’exemple hospitalier
Est-ce à dire que le GEMME pourrait prendre parti pour la substitution biosimilaire ? « On est 25 entreprises au GEMME et il faut avoir une position commune. Cette position risque d’évoluer dans le bon sens. On entend la position de Federgy, de l’UDGPO, de la FSPF, de l’USPO, du CNGPO… nous ne sommes pas sourds. » Quittant sa casquette GEMME quelques instants, il précise : « Pour moi, si un biosimilaire est similaire, il n’y a pas de problème d’interchangeabilité et je ne vois pas pourquoi la substitution ne devrait se faire qu’à l’initiation du traitement. » Romain Lecointre, pharmacien hospitalier et auteur du livre « Les Biosimilaires sont-ils les nouveaux génériques », confirme. « À l’hôpital, la question ne se pose pas. Il arrive qu’on switche du médicament d’origine vers un biosimilaire, comme il arrive qu’un patient vienne d’une autre structure qui utilise un autre biosimilaire que nous, la substitution ne pose aucun problème. Si on peut le faire à l’hôpital, pourquoi pas à l’officine ? »
Un avis partagé
Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO), a lancé une expérimentation en demandant à ses membres de substituer systématiquement l’énoxaparine (Lovenox), avec l’accord éclairé du patient, du 1er au 31 mars. « Le but est de prouver qu’on peut arriver à 80 % de substitution biosimilaire, comme le prévoit le plan santé 2022. Les résultats seront transmis à nos syndicats afin de montrer au gouvernement qu’il passe à côté d’un gisement d’économies. » Une opération saluée par Christian Grenier, président de la chambre syndicale des groupements et enseignes Federgy, qui considère lui aussi que la substitution est déjà possible. De leur côté, les syndicats continuent de plaider en faveur de la substitution biosimilaire, accompagnée d’incitations financières pour le pharmacien.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %