Suspectée d'être à l'origine d’un petit nombre de cas de syndrome d'encéphalopathie postérieure réversible (SEPR) et de syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible (RCVS), en plus d'un risque déjà connu d'augmentation du risque d'AVC et d'infarctus du myocarde, la pseudoéphédrine par voie orale est sur la sellette. Elle pourrait être tout simplement retirée du marché dans les prochains mois.
Le sort de la pseudoéphédrine, molécule présente dans de nombreux médicaments oraux indiqués dans le traitement des symptômes du rhume, a été évoqué ces derniers jours lors de réunions organisées par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), en présence des syndicats de pharmaciens. Selon Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), les récentes alertes émises au sujet de la pseudoéphédrine pourraient donner lieu à des décisions radicales. « À l'occasion d'un comité d'interface de l'ANSM, nous avons décidé de remettre en cause la pseudoéphédrine comme molécule de l'arsenal thérapeutique. Des comités de pilotage vont se mettre en place, mais il est probable que la pseudoéphédrine par voie orale ne soit pas simplement listée, mais bien retirée du marché. On risque fortement d'arriver à cette conclusion », analyse le président de l'USPO, qui précise que les laboratoires ne sont pas officiellement encore au courant. « Ils risquent de râler », annonce-t-il. Des laboratoires qui savent déjà que l'avenir de la pseudoéphédrine par voie orale est compromis, l'Agence européenne du médicament (EMA) ayant elle-même décidé de réévaluer la balance bénéfice/risque des médicaments qui en contiennent.
De son côté, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), estime qu'il faut tenir compte des alertes émanant des différentes sociétés savantes qui ont remis en cause l'utilisation de la pseudoéphédrine. « Si le rapport bénéfice/risque est réévalué, il faudra bien sûr supprimer ces produits du marché, c'est essentiel pour préserver la confiance des patients envers les médicaments », estime-t-il. Le président de la FSPF insiste bien sur un point : les discussions en cours portent bien sur les formes orales de la pseudoéphédrine et non sur les formes nasales.
Anticipant les conséquences d'un retrait du marché des médicaments contenants de la pseudoéphédrine, Pierre-Olivier Variot alerte déjà sur un autre aspect. « Retirer des molécules dangereuses est bien sûr nécessaire, mais il faut dans le même temps recréer un véritable arsenal thérapeutique. Il faut redonner des vrais médicaments aux pharmaciens, pas seulement des dispositifs médicaux et des compléments alimentaires. Or, aujourd'hui, on ne nous propose que des DM et des compléments alimentaires. Nous avons réellement besoin de nouveaux médicaments, l'ANSM doit accepter de nouvelles autorisations de mise sur le marché (AMM) et de nouveaux délistages », souligne Pierre-Olivier Variot.
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