LE MARCHÉ de la vente libre en officine se porte bien. Sur douze mois, il représente 10,6 milliards d’euros, un chiffre en hausse de 3,1 %*. En revanche, pendant la même période, les produits avec AMM, qui représentent encore 84 % du marché officinal, ont enregistré une baisse de 2,6 %. Le marché global de l’officine atteint 35 milliards d’euros et a baissé de 2 %, ce qui confirme la tendance de déclin déjà observée en 2012. Alors que les médicaments à prescription médicale obligatoire, qui comptent pour 69 % du chiffre d’affaires, chutent fortement (-3,6 %), les médicaments à prescription médicale facultative, représentant 15 % du chiffre d’affaires, connaissent une augmentation de 2 %. Pascal Voisin, directeur OTC IMS Health France, estime que la baisse des ventes de médicaments avec AMM « est liée à la pénétration des génériques et à une forte pression des autorités de santé pour limiter les prescriptions et faire baisser les prix des médicaments ». À l’inverse, l’automédication bénéficie des déremboursements, mais pas uniquement. L’impact d’un déremboursement sur les ventes d’un médicament peut en effet être très différent en fonction de la stratégie du laboratoire et de la cause du déremboursement. Par exemple, le déremboursement de Tanakan a conduit à une baisse de 50 % des ventes, mais sa part de marché en automédication a augmenté de 38 %. « Ainsi, on vend plus d’unités en automédication que lorsqu’il était prescrit et remboursé », remarque Claude Le Pen, économiste de la santé. En revanche, le Vastarel, déremboursé en 2012, était un médicament très génériqué et le déremboursement de la classe a conduit à une baisse plus importante de la part des génériques par rapport à celle du princeps, en raison d’un effet de notoriété de la marque.
Pour expliquer le succès de l’automédication, Pascal Voisin souligne aussi un « changement de comportement du patient, qui a une plus grande propension à se prendre en charge ». Pour lui, « l’automédication est en train d’entrer dans les mœurs des Français ». La pathologie hivernale assez forte du début de l’année 2013 a contribué à une augmentation importante de certaines familles de produits, comme les antalgiques (+8,6 %, 455 millions d’euros) et les produits pour les voies respiratoires (+7,5 %, 538 millions d’euros). L’épidémie de gastro-entérite a également pesé sur le marché des médicaments pour les voies digestives, qui progresse de 3,7 % à 268 millions d’euros. Quant à la hausse de 11,3 % pour le marché de la circulation veineuse, elle est due au déremboursement des médicaments veinotoniques en 2012.
Dans le Top 10 des marques les plus vendues, IMS observe un fort leadership de Doliprane (+17,5 %) ainsi qu’une progression des marques « grand public », comme Humex (+12,1 %), Oscillococcinum (+29,4 %) ou Nurofen(+10,1 %).
Dermocosmétiques en hausse.
Pascal Voisin observe que « le poids des nouveautés est assez faible sur le marché OTC, qui compte seulement 8 % de produits récents ». Une situation qui contraste avec la dermocosmétique, où les nouveaux produits pèsent pour 31 % du marché. « La dermocosmétique est un marché d’innovation, commente Pascal Voisin. Un acteur qui ne lance pas de nouveau produit tous les trois à six mois risque de péricliter. » Ce marché a renoué avec la croissance l’an dernier, avec un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros soit 135 millions d’unités vendues en pharmacie (+2,7 %), contre 514 millions d’euros et 48 millions d’unités vendues (+2,5 %) en parapharmacie. Les produits unisexes (solaires, antimoustiques…) ont enregistré la plus forte hausse (+3,3 %), alors que le segment beauté augmente faiblement pour les gammes destinées aux femmes (+0,9 %) et chute fortement pour les gammes hommes (-2 %).
Quant au marché des compléments alimentaires, il retrouve également une bonne dynamique, avec un chiffre d’affaires de 623 millions d’euros (+3,6 %), soit 45 millions d’unités vendues en pharmacie (+3,7 %) et 85 millions d’euros (-1,1 %), soit 7 millions d’unités vendues (+0,6 %) en parapharmacie. Les marchés de la beauté sont en baisse, mais les compléments alimentaires santé sont en augmentation : +10 % pour les toniques, +17,1 % pour le stress et les sédatifs et +0,7 % pour la minceur. « Le marché du complément alimentaire est en train de se "médicaliser" en parapharmacie », observe Pascal Voisin. Comme en dermocosmétique, le poids des nouveautés est important, avec près de 30 % du marché en 2012. Pour Pascal Voisin, ces évolutions du marché coïncident avec « un renforcement des rôles du pharmacien, qui peut encore davantage se positionner sur sa mission de conseil ».
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