MALGRÉ une échéance maintes fois reportée, malgré des campagnes incitant les pharmacies à s’y préparer, la suppression de la vignette surprend un certain nombre d’officines par le coût que cela peut parfois représenter. Soyons clairs, pour la plupart des officines, les coûts en question seront minimes. La suppression de la vignette suppose en effet qu’elles soient en mesure de lire les codes datamatrix apposés sur les boîtes depuis plusieurs années déjà. Différentes gammes de lecteurs sont sur le marché, dont le coût oscille entre 250 et 300 euros en moyenne (les lecteurs sans fil en back-office peuvent toutefois coûter jusque trois plus cher). Prenons l’exemple d’une pharmacie dotée de six comptoirs. Pour s’adapter à cette évolution, il lui faudra acquérir six lecteurs plus un septième pour la réception des commandes, ce qui représente tout de même un investissement d’un peu plus de 1 800 euros.
Le cas des robots.
En revanche, il n’en est pas de même du côté des robots et automates. Les fabricants de robots ont eux aussi cherché à anticiper le mieux possible l’arrivée des codes datamatrix et les machines commercialisées depuis au minimum cinq ans sont toutes déjà capables de les lire. Mais pour les plus anciennes, il faut changer les équipements de lecture et assurer les mises à jour logicielles nécessaires. Si ces dernières sont incluses dans la maintenance et ne génèrent donc aucun coût supplémentaire, il n’en va pas de même pour les premières. C’est ainsi que certaines officines ont eu de mauvaises surprises.
Quoi qu’il en soit, les situations sont très diverses d’un fournisseur à l’autre. Des sociétés comme Mekapharm, Pharmax ou Synergies, proposent des changements de systèmes de lecture à des tarifs variables selon les marques, mais qui restent en général inférieurs à 2000 euros, voire beaucoup moins. Le reste, si changement il y a eu, a été fait dans le cadre du contrat de maintenance. Mach 4, en revanche, a lancé une opération de mise à niveau qui s’est parfois révélé plus coûteuse. « Deux cas se sont présentés, soit le robot était doté d’un système de chargement manuel, auquel cas le coût du système a été d’environ 1 000 euros, soit le chargeur était automatique et donc d’une technologie plus sophistiquée, basée sur la reconnaissance des caractères par le biais d’un système vidéo, et le coût du changement a alors été de 9 000 euros », explique Bertrand Juchs, directeur général de Mach 4. Le fabricant en a profité pour faire évoluer le PC de pilotage pour 2000 euros supplémentaires, tout en proposant un financement par une opération à taux zéro sur 36 mois. Et aujourd’hui, toutes les pharmacies clientes de Mach 4 sont prêtes à la suppression de la vignette, assure Bertrand Juchs.
Une mise à niveau technologique.
Chez ARX, la mise à niveau peut atteindre des sommes encore plus conséquentes. « Il y a deux types d’équipements à faire évoluer, les robots et les chargeurs automatiques, explique François Legaud, directeur commercial. Le coût du passage pour les premiers est dans une fourchette qui va de 11 000 à 12 500 euros, tandis que pour les seconds il se situe entre 12 000 et 15 000 euros. » François Legaud justifie le montant de ces investissements par les technologies employées et les changements importants qu’il a fallu entreprendre pour des machines vieilles de plus de 5 ans : modifications au niveau des câblages, de l’informatique, de l’électronique et les mises à jour des logiciels. L’usage de caméras numériques (trois par rangeurs) est ici aussi avancé pour expliquer une partie des coûts. « Il ne s’agit pas de simples scanners à changer », indique le directeur commercial d’ARX. Pour la mise à niveau des rangeurs automatiques, l’usage de la technologie numérique permet une reconnaissance globale des images et donc peut faire face à différentes évolutions au niveau du marquage des boîtes.
Un manque de préparation.
Aujourd’hui, quelque 90 % du parc des anciennes machines auraient basculé, selon François Legaud. « Nous sommes conscients que cela représente une contrainte financière pour nos clients, ajoute-t-il. Mais cela leur permettra d’avoir une gestion optimale des stocks en exploitant au mieux les informations données par les codes datamatrix, notamment pour la gestion des périmés. » Ce dont Louis Philippe Sprang, titulaire de la pharmacie de la colline à Cavaillon, dans le Vaucluse, ne doute pas, mais il regrette néanmoins les coûts élevés de cette adaptation. « Pour une officine comme la mienne où il faut changer les systèmes de lecture du robot et du chargeur, cela coûte près de 30 000 euros », souligne-t-il. D’une manière générale, il pointe le manque de préparation et de concertation de la part des instances représentatives dans ce processus normatif. Il évoque notamment les mauvaises surprises que de nombreuses pharmacies risquent de rencontrer avec la lecture du code datamatrix au comptoir. En effet, la technologie employée est différente et il faudra scanner toutes les boîtes, ce qui change de fait les habitudes. Toutefois, les pharmaciens ont encore quelques jours devant eux. Car si la suppression de la vignette entre bel et bien en vigueur dès le 1er juillet, des boîtes munies du petit autocollant devraient circuler encore quelque temps. Et les conditionnements pourvus de vignette pourront être écoulés sans limite de date.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %