LA « POLE POSITION » alsacienne était encore plus frappante l’été dernier, lorsque 8 des 44 pharmacies vendant des médicaments étaient situés dans la région, dont 7 dans le seul département du Haut-Rhin. Par ailleurs, l’agence régionale de la santé d’Alsace étudie actuellement deux nouvelles demandes, et a exprimé récemment deux refus. Depuis le mois d’août, l’Alsace s’est certes fait « dépasser » par l’Île-de-France (10 sites) et Rhône-Alpes (12 sites), mais ces régions sont bien plus grandes et peuplées qu’elle. À l’inverse, plusieurs grandes régions n’ont toujours pas, ou très peu, de pharmacies vendant par Internet : on n’en compte par exemple que 2 en PACA, une seule en Aquitaine et aucune en Bretagne, pas plus d’ailleurs qu’en Haute-Normandie ou dans le Limousin.
Le fait que les pharmacies alsaciennes soient en général plus grandes que les autres officines, notamment pour des raisons historiques liées à des quotas longtemps plus élevés dans la région, est cité par plusieurs pharmaciens comme une raison possible de ce dynamisme. Mais, dans ce cas, il devrait s’observer aussi en Moselle, où les officines sont encore plus grandes… Or aucune officine mosellane ne propose de site pour le moment. D’autres pharmaciens rappellent que « l’Alsace était déjà très présente pour les ventes de parapharmacie par Internet, et que certaines officines ont donc simplement complété leur offre ». Toutefois, précise Daniel Buchinger, fondateur d’Univers pharmacie, et installé à Colmar, « les plus gros sites de para ne se trouvent pas en Alsace ». Par ailleurs, la proximité de l’Allemagne, où 10 % des OTC sont déjà vendus par Internet, n’a pas d’influence en Alsace, selon les pharmaciens, car les conditions du marché y sont radicalement différentes. Reste alors l’explication d’une pharmacienne récemment installée, et elle aussi engagée dans les ventes en ligne : « Les pharmaciens alsaciens sont peut-être plus jeunes, et donc plus motivés par Internet, que dans les autres régions. »
Désillusions.
Mais si cet engouement est difficile à expliquer, le consensus règne sur le peu d’intérêt actuel de ces ventes, qui commence même à engendrer des désillusions. « J’ai fait un site parce que je fais tout ce qui est autorisé, mais sans enthousiasme, témoigne Olivier Almeras, installé à Riquewihr, mais, honnêtement, ça ne marche pas du tout, au point que je ne le mets même plus à jour. » Selon lui, les « bonnes pratiques » exigées pour les ventes ont des effets catastrophiques pour leur développement : « les gens n’ont pas envie de remplir un questionnaire, et l’obligation récente d’être sur un site hébergeur agrée augmente énormément nos frais », dit-il. Il a l’impression que « la France a autorisé les ventes pour se mettre en conformité avec l’Europe, mais les a assortis de tellement de conditions que l’échec était assuré ». Un avis que confirme Daniel Buchinger, pour qui « on a fait tout ce qu’il fallait pour que ça ne marche pas ». Lui-même admet « perdre de l’argent avec ces ventes » car il en faudrait « 20 fois plus, rien que pour couvrir (ses) frais ». Toutefois, il maintient son site et continue à proposer cette activité dans le cadre de son groupement, « parce qu’il faut être présent maintenant sur ce créneau qui prendra son essor dans cinq ans ».
Mais d’autres pharmaciens n’ont visiblement pas souhaité attendre aussi longtemps : si de nouveaux noms s’ajoutent régulièrement sur les listes de l’Ordre et des ARS, on commence aussi à voir des officines disparaître de ces tableaux…
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