L’ENQUÊTE Vaccinoscopie, qui s’est déroulée en France à la fin 2009 pour la deuxième année consécutive, montre que si le suivi vaccinal est bien respecté dans la petite enfance, il se relâche à l’adolescence et à l’âge adulte. « La vaccination ne se limite pas à la petite enfance et on ne peut espérer obtenir un contrôle optimal des maladies infectieuses en France sans améliorer d’une manière globale la vaccination à tous les âges, prévient le Pr Joël Gaudelus (CHU Jean Verdier, Bondy). L’épidémie de rougeole que connaît actuellement notre pays, et qui s’intensifie depuis le début de l’année 2010, illustre bien que la vaccination doit se poursuivre à l’adolescence dans l’intérêt de tous. » En effet, si on assiste depuis 2008 à une forte recrudescence de la rougeole (avec plus de 3 000 cas rapportés sur les huit premiers mois cette année) c’est en raison d’une vaccination inexistante ou incomplète. L’âge moyen des cas est de 14 ans et près de quatre cas sur dix concernent des adultes âgés de 20 ans ou plus (38 % en 2010 contre 17 % en 2008).
Vaccinoscopie révèle que, globalement, les couvertures vaccinales sont insuffisantes à l’adolescence. À titre d’exemples, seulement trois adolescents sur quatre sont à jour de leur vaccination contre la coqueluche et moins d’un sur deux est protégé vis-à-vis de l’hépatite B. Enfin, seulement 86 % des 13-15 ans ont reçu une vaccination complète en deux doses contre la rougeole, alors que l’objectif fixé dans le cadre du plan d’élimination de la rougeole est de 95 % pour les deux doses. « La très grande majorité des vaccins apportent à la fois une protection individuelle directe et une protection collective indirecte, cette dernière apparaissant à partir d’un certain seuil de couverture vaccinale, précise le professeur. Le taux de couverture nécessaire varie d’un vaccin à l’autre et dépend de la contagiosité de la maladie : plus la maladie est contagieuse plus la couverture doit être importante pour éviter les épidémies. »
Des nouveaux-nés contaminés par leurs parents.
Le constat n’est pas plus favorable avec les vaccinations de l’adulte, au travers de l’exemple de la vaccination contre la coqueluche. Cette maladie est potentiellement grave chez les jeunes nourrissons qui ne sont pas protégés par les anticorps maternels et elle est la première cause de décès par infection bactérienne en dessous de l’âge de trois mois. En France, elle affecte sévèrement les nourrissons de moins de six mois, trop jeunes pour avoir reçu les trois premières doses du vaccin coquelucheux. Mais la maladie peut aussi toucher l’adulte à tout âge car il est possible de la contracter plusieurs fois au cours de son existence (300 000 cas annuels sont estimés en France). Ainsi, les nouveau-nés sont avant tout contaminés par leurs parents dans plus de la moitié des cas. Leur protection passe par la vaccination des adultes de leur entourage qui ne l’ont pas reçue depuis dix ans, mais la stratégie, dite du cocooning, mise en place dès 2004 et visant à vacciner spécifiquement l’entourage proche des nourrissons a été peu appliquée. « Les récentes données de l’observatoire Vaccinoscopie 2009 mettent en évidence que les mères sont peu sensibilisées à l’importance de la vaccination contre la coqueluche, et que moins d’une maman sur quatre (22 %) est à jour de sa vaccination, ce qui est très loin de satisfaire l’objectif des instances officielles, tandis que 56 % sont à jour uniquement de leur rappel décennal, et près de 80 % des mères ne sont toujours pas vaccinées, déplore le Dr Bertrand Leboucher (CHU d’Angers). Parmi elles, deux sur trois pensent à tort être à jour de leur vaccination. Ces résultats témoignent d’un écart significatif entre la perception que se font les mères et la réalité, d’où l’importance pour elles de faire vérifier leur carnet de santé par le médecin ou le pharmacien. »
Force est de constater que la France éprouve de grandes difficultés à mettre en œuvre les recommandations de santé publique en matière de vaccination. Dans un pays où les adolescents sont « sous vaccinés » et où la vaccination est principalement assurée par la médecine libérale, et non plus en milieu scolaire, Vaccinoscopie montre à quel point il est nécessaire de les informer et de les sensibiliser, ainsi que leurs parents, et de les motiver pour compléter les vaccinations manquantes. Les autorités françaises ont bien compris l’intérêt de s’appuyer sur les établissements scolaires et sur la vigilance des parents, aux côtés de celle des médecins et des pharmaciens, pour tenir à jour le calendrier vaccinal à l’aide du carnet de santé, et pour optimiser la vaccination dans l’ensemble de la population.
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