De nombreuses mentions, on le sait, apparaissent sur l'emballage d'un médicament. Dans ce sens, la boîte, appelée aussi « conditionnement secondaire », fait figure d'interface entre le patient et son traitement. Elle est la représentation du médicament aux yeux du consommateur et celle qui va délivrer les premières informations incontournables à propos de son contenu. Ce qui fait du packaging un élément central de la communication santé. Le Code de la santé publique lui impose la présence de nombreuses mentions obligatoires : dénomination du médicament et DCI, dosage, destinataire, composition, liste des excipients à effets notoires, forme pharmaceutique et contenu, effets notoires, mode et voie d’administration, mises en garde, date de péremption, précautions particulières de conservation, nom et adresse du titulaire, numéro d’autorisation de mise sur le marché, numéro de lot, conditions de prescription, information en braille et, le cas échéant, apposition d’un pictogramme (pour alerter sur la vigilance, par exemple). Au verso du packaging, peut être réservé un espace libre grâce auquel le pharmacien inscrira la posologie, la durée du traitement et toute information qu'il jugera nécessaire à sa bonne observance.
Le packaging est donc un outil élaboré dans une perspective d'information et de sécurité de l'utilisateur. Un dispositif qui tient compte de l'évolution des besoins en la matière. « Nous renforçons l'information du patient et du dispensateur au regard des risques que peut comporter la consommation de certains médicaments », signalent Carole Le Saulnier et Patrick Maison, respectivement en charge des affaires juridiques et réglementaires et de la direction de la surveillance au sein de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Et de citer l'exemple des pictogrammes représentant une femme enceinte, un véhicule automobile et un triangle noir inversé. D'un seul regard sur la boîte, le pharmacien est alerté sur les profils de population qui pourraient pâtir de la prise d'un traitement.
Retenir l'attention
Le packaging pourrait aussi avoir un impact lors de la prise. « Plus de 60 % des erreurs liées au traitement se produisent au moment de l'administration, précisent les responsables de l'ANSM. Il peut s'agir de confusion dans les dosages ou dans le type de produit à ingérer, des méprises qui pourraient être réduites si l'emballage était mieux renseigné. » Pour ne pas perpétuer ces situations à risque, certaines mesures sont mises en place suite à des déclarations au guichet erreurs médicamenteuses de l'ANSM ou à la demande des industriels et des associations de victimes. D'autres sont étudiées en amont, avant que le problème ne se pose. « Un nom de laboratoire plus visible que celui de sa spécialité, un dosage difficile à identifier, une saveur représentée par un symbole attractif pour un enfant, constituent autant de cas de figure propices à l'erreur médicamenteuse et au non-respect du traitement. » Pour répertorier ces situations et anticiper les confusions qui peuvent se produire au moment de la dispensation et de l'administration, l'ANSM va organiser prochainement une consultation publique via son site Internet. Une démarche qui servirait à établir un cadre de recommandations afin que le packaging et les informations qu'il délivre puissent encore évoluer.
Toutes les améliorations apportées à la boîte ne reposent cependant pas sur les seules autorités de santé, même si celles-ci doivent les valider au préalable. Les industriels peuvent aussi être à l'origine d'initiatives visant à faciliter l'observance et la délivrance de leurs médicaments par le biais de l'emballage. C'est particulièrement le cas dans le secteur de l'automédication, où les fabricants de médicaments de prescription médicale facultative doivent concevoir des packagings très explicites sur leur contenu. « Le patient doit comprendre d'emblée les spécificités du traitement car il n'est pas censé avoir consulté, et donc bénéficié des explications du médecin », explique Daphné Lecomte-Somaggio, déléguée générale de l'AFIPA. D'un point de vue réglementaire, le médicament PMF doit obligatoirement faite mention de son indication (douleurs, rhume, diarrhée passagère…) sur son emballage. En outre, celui-ci met généralement en œuvre tout un système d'information étudié pour retenir l'attention de l'utilisateur. Les industriels travaillent beaucoup les packagings. Certains points font plus particulièrement l'objet de représentations imagées, comme le moment de la prise (symbolique jour/nuit) ou la zone du corps concernée par le traitement. « Utiliser le symbole permet aussi de communiquer en direction des consommateurs étrangers. »
Boîtes sur mesure
Si explicite qu'elle soit, la boîte ne doit cependant pas se substituer à la notice, mais inciter à la consulter. « De nouveaux modèles d'emballage ont été lancés dans le domaine du libre accès, qui provoquent l'apparition de la notice dès que l'on ouvre la boîte », rapporte Daphné Lecomte-Somaggio. Un exemple parmi d'autres qui témoigne de l'inventivité mobilisée par certains fabricants pour sécuriser la prise des traitements. En matière d'observance et de délivrance, Teva Laboratoires est à l'origine d'une nouvelle génération de conditionnement, Easybox, fruit d'une des vingt recommandations émises dans le cadre de son programme de prévention « Marguerite ». Élaboré par un groupe de travail pluridisciplinaire composé de professionnels de santé et d'associations de seniors, le programme visait à améliorer l'observance médicamenteuse chez les personnes âgées. Une problématique fondée, si l'on considère que 43 % des plus de 70 ans prennent entre 5 et 10 médicaments par jour. Distingué en 2015 par le prix « Observance et personnes âgées » du salon Pharmapack Europe, la boîte Easybox, qui habille aujourd'hui 80 % du catalogue générique de Teva, a été étudiée pour faciliter et sécuriser les prises. Ainsi présente-t-elle une nouvelle horloge posologique qui met en avant les informations clés de la prescription : la journée est schématisée en un demi-anneau segmenté de façon à indiquer précisément le moment de la prise du médicament avant, pendant ou après chaque repas. La durée du traitement, ses dates de début et de fin sont précisées sous l'anneau qui est adaptable à tous les cas de figure de la prescription, qu'il s'agisse d'une semaine de traitement ou de deux comprimés à prendre dans le mois. Une typographie offrant une grande visibilité des lettres et des chiffres a été choisie et une représentation photographique du médicament apparaît sur la boîte pour donner plus de réalité au traitement. Chaque DCI ainsi que les différents dosages se sont vus attribuer un code couleur spécifique et des symboles clairs représentant les destinataires du médicament ont été utilisés. Enfin, la boîte a réservé un espace libre de personnalisation pour que le pharmacien puisse y noter ses conseils. Le concept Easybox n'a d'ailleurs pas oublié l'officinal dans ses innovations grâce au code couleur attribué à chaque DCI pour faciliter le repérage, et un marquage du dosage sur 3 faces de la boîte a été prévu, offrant une certaine liberté de rangement dans les tiroirs. Dans l'objectif de mesurer les bénéfices apportés par le concept Easybox, Teva a mené une étude durant plusieurs mois auprès de patients chroniques polymédiqués ; 86 % des personnes sondées ont estimé que la boîte était lisible, claire et facile à utiliser. Le rôle que joue le code couleur dans le repérage et l'identification d'un médicament parmi d'autres a été souligné par 76 % des interviewés. La mise en avant du dosage et la clarté de la police choisie ont également été appréciées. Au final, 78 % des patients interrogés ont estimé que la nouvelle boîte les avait aidés à suivre leur traitement. Un résultat très positif pour Teva qui devrait bientôt tester les performances de son packaging en matière de sécurité de la dispensation auprès des pharmaciens. « Nous sommes dans un processus d'amélioration continu grâce à un système de remontée de l'information inspiré de la pharmacovigilance », conclut Cécile Maigne, directrice marketing chez Teva. En termes de sécurisation du traitement, la boîte n'a pas dit son dernier mot et pourrait contenir encore bien des surprises…
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