Le patient type

Publié le 10/09/2015

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L’âge est un facteur important de survenue d’effets indésirables. À ce sujet, on estime qu’il existe un risque individuel de 15 % par médicament après 65 ans, contre seulement 6 % avant 60 ans.

Après 80 ans, 20 à 30 % des hospitalisations seraient liées à un effet indésirable médicamenteux, et l’incidence ainsi que la gravité des effets indésirables augmentent avec l’âge en raison essentiellement d’une marge de sécurité plus restreinte que chez l’adulte jeune et de mécanismes de compensation moins efficaces.

Quel que soit l’âge, la clinique des effets indésirables médicamenteux est souvent atypique et trompeuse. Il faut donc y penser systématiquement et avoir le réflexe iatrogénique devant tout symptôme nouveau et a fortiori inattendu et/ou grave chez tout malade traité, y compris par automédication.

L’accident peut concerner l’organe cible (ex : bloc sino-auriculaire sous antiarythmique), ou un autre organe (hémorragie digestive sous AINS, dysthyroïdie sous amiodarone). Il peut se traduire par une symptomatologie nouvelle ou par l’aggravation d’une affection préalable (insuffisance rénale par exemple).

Les effets indésirables peuvent reproduire la grande majorité des symptômes et syndromes ; les plus fréquents étant : les manifestations cutanées (prurit, éruptions diverses), les troubles digestifs (nausées, vomissements, troubles du transit), et les troubles neurosensoriels (malaises, troubles de la vigilance, somnolence, céphalées, vertiges/troubles de l’équilibre).

Parmi les accidents graves, citons les hémorragies digestives ou intracérébrales, le choc anaphylactique, les colites pseudo-membraneuses, les troubles du rythme ou de la conduction cardiaque, les troubles hydroélectrolytiques, l’insuffisance rénale aiguë, les leucopénies, les thrombopénies…

Au moment de la prescription ou du conseil dispensé au comptoir, les antécédents allergiques ainsi que les effets indésirables médicamenteux doivent être considérés avec le plus grand soin.

Il doit en être de même des altérations physiopathologiques, et tout particulièrement de l’insuffisance rénale, de l’insuffisance hépatique, d’une diminution du volume de distribution (conséquence d’un état de déshydratation), d’une hypo-albuminémie (dénutrition) pouvant augmenter la fraction libre de certains médicaments se fixant fortement aux protéines plasmatiques et de l’existence éventuelle d’autres pathologies (aiguës ou chroniques), tout particulièrement en ce qui concerne les anomalies enzymatiques.

Des mesures préventives

Au total, de nombreuses mesures préventives peuvent/doivent être mises en œuvre :

- Définir avec le patient les objectifs thérapeutiques et en évaluer avec soin le rapport bénéfice/risque.

- Respecter le bon usage du médicament, en se référant aux recommandations des organismes indépendants (ANSM, sociétés savantes…) prenant en compte les « données acquises de la science ».

- Intégrer les thérapeutiques non médicamenteuses susceptibles de renforcer l’efficacité des médicaments et/ou d’en restreindre l’emploi.

- Personnaliser chaque prescription/conseil, en tenant compte de l’âge, du contexte physiopathologique et environnemental de chaque malade.

- Limiter le nombre de prescriptions/conseils aux médicaments nécessaires (forte augmentation de l’incidence d’effets indésirables au-delà de 4 médicaments), en tenant compte des médicaments prescrits par d’autres médecins ou pris en automédication.

- Faire preuve d’une très grande vigilance au regard des médicaments à marge thérapeutique étroite (ex : théophylline, digitaliques, lithium, antivitamines K, hypoglycémiants, antiarythmiques…).

- Éviter l’arrêt brutal de certains médicaments.

- Penser à préciser la durée des prescriptions/médicaments conseillés et suggérer au patient d’aborder avec son médecin la question d’un possible arrêt pour tout traitement dont la poursuite ne serait plus justifiée (ne jamais oublier l’importance qui s’attache à la révision périodique des traitements au long cours, ainsi qu’à l’établissement de priorités thérapeutiques).

- Informer et éduquer les malades sur les risques des effets indésirables médicamenteux, et notamment, les convaincre d’observer le traitement prescrit, de respecter les mesures préventives et d’avertir sans retard leur(s) médecin(s) en cas d’incident.