DIFFÉRENTES études sur le prix des génériques en France et dans le monde apportaient jusqu’à maintenant des résultats contradictoires. Le GEMME a donc voulu tirer les choses au clair. L’association représentant les fabricants de génériques* a commandé une étude sur ce sujet à l’économiste Philippe Février, directeur du laboratoire d’économie industrielle du CREST** et enseignant à l’école Polytechnique. Son expertise s’appuie sur des données IMS, extraites en juillet dernier et concernant dix pays de l’Europe de l’ouest. L’observation porte sur 74 molécules, soit plus de 80 % du chiffre d’affaires total des génériques remboursables sur le marché français. Pour permettre la comparaison, les prix des médicaments sont exprimés en PFHT (prix fabricant hors taxe) et rapportés à l’unité de traitement (comprimé, gélule, etc.).
Au final l’étude montre que, en France, les prix des génériques sont inférieurs à la moyenne européenne, avec un différentiel de 4 %, et même de 12 % si l’on rapporte ce résultat au coût de la vie. Considérant cet ajustement, on note de grandes variations entre les prix pratiqués. Les génériques sont bien plus chers au Portugal (35 % de plus que la moyenne européenne), en Autriche (33 %) et au Royaume-Uni (18 %). L’Allemagne et la Belgique enregistrent un différentiel de 12 % avec la moyenne des dix pays considérés. L’Espagne serait plus proche de la France, avec 8 points de moins que la moyenne européenne. Quant à l’Italie, la Pologne et la Finlande, ils affichent des prix nettement moins élevés qu’en moyenne (respectivement de 24, 31 et 51 %).
Un cliché tombe.
Le GEMME entend bien tirer profit de cette vaste étude, qualifiée de « sérieuse et robuste » par les industriels du générique. « Elle fait tomber un cliché. En France, le prix des génériques est bas », appuie Philippe Besnard, vice-président du GEMME. Pour Pascal Brière, qui préside l’association, ce constat résulte de « la continuité des politiques gouvernementales » et de la forte pression exercée sur les prix de ces médicaments. L’an dernier, le secteur a généré une économie de 1,7 milliard d’euros. La mesure la plus marquante fût la décote récente de 55 % par rapport au prix du princeps à l’inscription au répertoire, suivie d’une baisse supplémentaire de 7 % après 18 mois. « C’est la plus forte décote survenue dans les pays européens qui régulent le prix des médicaments », souligne Pascal Brière.
À travers les résultats de cette enquête, les industriels veulent faire passer un message : ils ont déjà fourni beaucoup d’efforts. Et ils craignent pour leurs activités, alors que les molécules attendues sur le marché des génériques, plus spécialisées, concernent des volumes plus restreints. Ce sont des médicaments plus délicats à substituer pour les pharmaciens, déjà confrontés, sur le terrain, à la montée en puissance du « non substituable ». Cette mention des prescripteurs est devenue la bête noire des génériqueurs. Pour eux, c’est très clair. Ils n’ont eu cesse de consentir des efforts sur les prix et d’élargir l’offre de génériques. De leur côté, les pharmaciens ont boosté la substitution, dont le taux avoisine désormais 74 %. Il revient désormais aux prescripteurs de participer plus activement aux économies de santé, un mouvement amorcé par la mise en place des CAPI (contrats d’amélioration des pratiques individuelles). Le GEMME considère qu’une hausse des prescriptions au sein du répertoire de 1 % pourrait générer 100 millions d’euros d’économies, contre seulement 27 millions d’euros suite à une nouvelle baisse de prix de 1 %.
** Centre de recherche en économie et statistique.
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