Si pour certains patients un médicament plus cher semble plus efficace que son équivalent bon marché (effet placebo), il pourrait aussi entraîner plus d'effets secondaires (effet nocebo), comme le conclut une étude publiée dans la revue « Science ».
Dans les essais cliniques, il arrive que des participants du groupe placebo ressentent des effets secondaires, alors qu’ils ne reçoivent aucune substance active. C’est ce qu’on appelle l’effet nocebo.
Des chercheurs du Centre médical universitaire de Hambourg-Eppendorf, des universités du Colorado et de Cambridge ont voulu mieux cerner cet effet. Notamment, ils ont tenté de savoir si le prix du médicament pouvait influer sur l’effet nocebo. Ils ont alors mené une étude sur 49 patients séparés en deux groupes, qui a été publiée dans la revue « Science ».
Tous les sujets ont été informés qu’on allait leur appliquer sur le bras une crème visant à soulager les démangeaisons. Dans chaque groupe, la crème était identique, sauf en ce qui concernait le prix : l’une était chère, l’autre pas. Par ailleurs, il a été signalé aux sujets que ces crèmes pouvaient provoquer une hypersensibilité à la douleur. Afin de mesurer ce soi-disant effet indésirable, les chercheurs ont délivré une petite décharge de chaleur (45 °C) sur le bras des participants, à l’endroit où la crème a été appliquée.
Mais en réalité, les deux crèmes étaient neutres, sans aucun principe actif, et n’avaient donc ni efficacité antiprurigineuse… ni effet secondaire hypersensibilisant.
Toutefois, les résultats ne vont pas dans ce sens. Ils montrent que les personnes ayant reçu le traitement « onéreux » ont ressenti une douleur deux fois plus intense que ceux qui ont reçu la crème « bon marché ». De plus, le groupe « crème chère » a rapporté que la douleur devenait de plus en plus intense dans le temps, alors qu’elle s’amoindrissait dans l’autre groupe.
Or il ne s’agit pas que d’un ressenti. Un examen à l’IRM montre effectivement une activité plus importante dans le cortex préfrontal et dans la moelle épinière des sujets du groupe « crème coûteuse ».
Cette étude doit interpeller les professionnels de santé sur la puissance de l’effet placebo et nocebo des médicaments. Et sur un avantage inattendu des génériques. En effet, si un patient a peur des effets secondaires d’un médicament, on peut sans doute améliorer leur traitement en lui prescrivant la spécialité la moins onéreuse… À la condition qu'elle renferme les mêmes excipients !
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