Alors que la France a défini 450 médicaments essentiels, ceux qu’elle veut protéger contre les pénuries, une étude commandée par le Leem montre que ces médicaments cumulent pourtant les facteurs de risque de pénuries : ils sont globalement moins chers que les autres médicaments du marché, et moins chers que dans les autres pays européens.
L’organisation professionnelle des entreprises du médicament (Leem) a sollicité le cabinet Simon-Kucher & Partners (SKP) pour analyser les prix des médicaments essentiels, c’est-à-dire ceux que la France souhaite protéger des pénuries pour assurer sa souveraineté sanitaire.
Le cabinet a passé au crible le prix des « 450 molécules essentielles » figurant dans la liste établie par le ministère de la Santé en 2023, qui sont pour la plupart des molécules anciennes. Or « ces molécules cumulent les facteurs de risques » de pénuries, indique SKP. D’une part, car « leurs prix sont globalement plus bas que ceux du reste du marché français » : 56 % ont un prix fabricant hors taxe unitaire inférieur à 1 euro et 36 % inférieur à 25 centimes, contre respectivement 41 % et 26 % pour les autres médicaments. D’autre part, car « leurs prix sont en moyenne entre 15 % et 30 % plus bas qu’en Espagne, Italie, Allemagne et Royaume-Uni ».
De façon plus poussée, l’analyse du prix unitaire des médicaments en France révèle une distribution globalement comparable entre les médicaments essentiels et non essentiels, mais avec une sur-représentation des médicaments essentiels dans la classe des produits très peu chers (prix inférieur à 0,25 euro par unité). Et, parmi ces médicaments peu onéreux, environ un sur trois présente un prix unitaire en dessous de 0,10 euro par unité, avec une distribution alors relativement similaire entre médicaments essentiels et médicaments non essentiels (respectivement 31 % et 29 %).
Par ailleurs, le Leem constate que les hausses de prix des médicaments restent très minoritaires en France par rapport au nombre de baisses : 9 hausses en 2022 (24 hausses en 2023) contre 499 baisses.
Or les bas niveaux de prix aggravent les pénuries. Ils ont également un impact négatif sur la compétitivité de l’industrie pharmaceutique et sur l’attractivité de la France. D’autant que « d’autres facteurs pèsent sur la rentabilité des entreprises présentes sur le territoire français : le contexte inflationniste, les taxes sectorielles plus nombreuses et plus lourdes qu’ailleurs en Europe (dont une clause de sauvegarde d’un niveau historique de 1,6 milliard d’euros), ou encore les obligations réglementaires, comme celle d’immobiliser plus de stocks sur le territoire français que dans les autres pays européens. Tout cela représente un coût considérable et soumet les entreprises à une pression insoutenable pour certaines », constate le Leem. L’organisation rappelle ses propositions pour améliorer la situation, notamment « accélérer les hausses de prix pour les médicaments dont les conditions économiques ne permettent pas de sécuriser leur production ou leur mise à disposition » et « considérer le médicament comme un investissement et non pas uniquement comme une dépense à couper pour le système de santé, en lui octroyant une croissance de financement au moins équivalente à celle des autres postes de l’ONDAM (Objectif national des dépenses de l’assurance-maladie) ».
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