Alors que les Pays-Bas ont connu l’an dernier un « record » avec plus de 800 médicaments prescriptibles en rupture de stock, un scandale est en train de naître, mettant en cause des pharmaciens sur l'origine de ces ruptures. Entre 50 et 100 officines, sur les 2 000 que compte le pays, achèteraient de grandes quantités de médicaments uniquement dans le but de les revendre à des pharmaciens allemands, profitant ainsi des grandes différences de prix entre les deux pays.
C’est du moins ce qu’ont affirmé plusieurs industriels au quotidien « Trouw » (« la vérité »), en estimant que les achats réalisés par les officines concernées sont « étonnamment élevés » par rapport aux prescriptions et aux besoins de la population. Certains antibiotiques, mais aussi et surtout des pilules contraceptives, seraient particulièrement concernés par le phénomène, au point d’être devenus quasi introuvables dans certaines parties du pays. Résultat, observe le journal, certaines pharmacies doivent en commander… en Allemagne, au prix allemand, c’est-à-dire beaucoup plus cher qu’aux Pays-Bas. Plus grave encore, on trouve désormais « un véritable marché noir du médicament, et notamment des pilules, sur certains sites de vente en ligne », marché encouragé par la forte demande et la pénurie.
Une gifle
S’il n’est pas interdit aux officines d’acheter des médicaments pour les revendre à d’autres pharmacies, dès lors qu’elles disposent d’une licence pour cela, le fait que certaines d’entre elles fassent passer les besoins des pharmacies allemandes avant ceux de leurs propres clients fait désordre dans le monde feutré de la pharmacie néerlandaise. De plus, selon la loi, les grossistes et les pharmaciens sont tenus de répondre aux besoins de la population, et les pharmacies qui entretiendraient la pénurie risqueraient d’avoir des comptes à rendre à la justice.
L’association royale des pharmaciens néerlandais (KMNP) s’est déclarée « choquée » par les révélations de « Trouw » et a souligné que le fait d’exporter sciemment des médicaments en période de pénurie était « immoral ». « C’est aussi une gifle pour les 3 000 pharmaciens qui, quotidiennement, se mobilisent pour trouver des solutions pour leurs patients lors des ruptures de stock », a ajouté le président de la KMNP, Gerben Klein Nulent, en exigeant lui aussi des enquêtes plus précises sur ces agissements, et des sanctions s’ils sont avérés. Face à lui, certains observateurs s’étonnent que l’association ne découvre que maintenant le problème, ajoutant que « tout le monde le savait, mais que personne n’osait en parler… »
Précisons par ailleurs que les grandes pharmacies en ligne hollandaises, qui vendent de grandes quantités de médicaments en Allemagne en jouant là aussi sur les différences de prix, ne sont pas concernées par ces accusations, leurs achats n’étant pas, à l’origine, destinés à une clientèle locale.
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