Les assureurs santé et les gestionnaires de régimes d’assurance médicaments américains entrent dans un mouvement de fusions et acquisitions. Les gestionnaires de régime d’assurance médicaments ou Pharmacy Benefit Managers (PBM), dont il n’existe pas d’équivalent en France, ont pour mission de négocier les prix les plus bas auprès des laboratoires, et s’assurer que les remises obtenues sont appliquées en pharmacie et répercutées aux assureurs santé. Selon le classement 2017 du Drug Channels Institute qui s’appuie sur les remboursements versés, CVS Health est le premier PBM américain, occupant 25 % de marché devant Express Scripts (24 %) et OptumRX (22 %).
Mais CVS est aussi la plus importante chaîne américaine de pharmacies, en concurrence permanente avec Walgreens. Fin 2017, elle annonçait le rachat de l’assureur santé Aetna qui est, selon le classement du Drug Channels Institute, à la 7e place des PBM avec 4 % de parts de marché. Coût de l’acquisition : 69 milliards de dollars (56 milliards d’euros). En février dernier, Walgreens a approché le grossiste en médicaments AmerisourceBergen, tandis que le distributeur américain Albertson, déjà à la tête de deux chaînes de pharmacies, a annoncé l’acquisition de Rite Aid. Enfin, le 8 mars, l’assureur santé Cigna, du haut de ses 40 milliards de dollars de revenus (en 2016), a créé la surprise en rachetant Express Scripts, dont le chiffre d’affaires tourne autour de 100 milliards de dollars. Une opération à 54 milliards de dollars (près de 44 milliards d’euros) ; à 67 milliards de dollars dette incluse. Cigna compte finaliser la fusion avant la fin de l’année et prévoit une croissance de 6 à 8 % par an d’ici à 2021.
Antitrust
La généralisation de la couverture maladie Obamacare et l’augmentation des prix des médicaments entraînent une pression croissante sur les coûts qui pèse sur les Pharmacy Benefit Managers et les assureurs. Et impliquent les pharmacies. Quoi de mieux que ces intégrations verticales réunissant ces trois acteurs centraux ? Surtout, la pression sur les prix est largement accentuée par la menace d’Amazon. Et face à Amazon et son chiffre d’affaires de 178 milliards de dollars en 2017 (en progression de 31 % !), des fusions-acquisitions à plusieurs dizaines de milliards de dollars se justifient pleinement. Or le mastodonte de Jeff Bezos vient de lancer sa marque propre de médicaments sans ordonnance, soit une soixantaine de références en vente exclusive sur son site Internet, qui s’ajoutent aux autres spécialités qu’il propose en ligne aux États-Unis. La menace vient surtout de la signature, en janvier dernier, d’une alliance avec le milliardaire Warren Buffet et le PDG de JP Morgan Chase, pour créer un système de protection sociale couvrant leurs collaborateurs. Un système qu’on imagine sans peine s’étendre, plus tard, à bien d’autres bénéficiaires.
Toutes ces annonces de rachats attendent maintenant l’aval des autorités antitrust américaines. Or elles n’ont pas hésité à retoquer en 2017 le rachat annoncé d’Humana (4e BPM en 2017) par Aetna et la tentative d’OPA de l’assureur Anthem sur Cigna annoncées en 2015.
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