Après des années de tergiversations, un rapport indépendant rendu public mercredi confirme des prescriptions inappropriées et injustifiées d'opioïdes ayant abrégé la vie de 456 patients de l'hôpital Gosport War Memorial, dans le sud de l'Angleterre, entre 1988 et 2001. Et probablement de 200 autres dont les dossiers médicaux n'ont pu être retrouvés.
Pour les Britanniques, c'est un véritable scandale sanitaire. L'enquête, menée pendant 3 ans et demi par l’ancien évêque de Liverpool James Jones, dénonce une « pratique institutionnalisée de prescription et d'administration de doses dangereuses de combinaison hasardeuse de médicaments non cliniquement indiqués ou justifiés » au sein de cet hôpital du sud de l'Angleterre. Le rapport de 387 pages note un « mépris pour la vie humaine et une culture consistant à écourter la vie d'un grand nombre de patients ». La parole des malades et de leurs proches n'était d'ailleurs pas entendue, tout comme celles des infirmières qui ont tiré le signal d'alarme au début des années 1990. Est particulièrement pointé du doigt, le Dr Jane Barton, « responsable de la pratique de prescription qui prévalait sur place ». En 11 ans, le médecin a signé dans cet hôpital les certificats de 854 décès de patients. Parmi eux, 803 avaient reçu des opioïdes. L'enquête détaille plusieurs cas particuliers bien documentés qui montrent clairement une déchéance physique correspondant à l'arrivée à l'hôpital Gosport de patients pourtant en cours de rétablissement, et notamment de patients considérés comme des « nuisances », qui recevaient alors des antalgiques dont ils n'avaient pas besoin et qui mourraient en quelques jours.
Le rapport accuse les principales institutions du pays d’avoir fermé les yeux, en particulier les autorités sanitaires et la police, qui n'ont pas su protéger les patients et ont systématiquement pris le parti de l'hôpital contre ces « familles procédurières ». Le ministre de la Santé Jeremy Hunt et la Première ministre Teresa May ont présenté leurs excuses à toutes les familles endeuillées par ces pratiques.
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