Selon que l’on est usager, professionnel de santé, autorité sanitaire ou industriel, la perception de tensions d’approvisionnement sur un médicament diffère. D’où la dissonance dans les déclarations de ces dernières semaines quant à la situation du misoprostol. Le ministre de la Santé, François Braun, fait le point.
D’un côté, l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) et le Planning familial tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs semaines et constatent de véritables pénuries passées ou en cours, par exemple à Lille (Nord), Versailles (Yvelines), Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), en Occitanie ou dans certaines pharmacies parisiennes. De l’autre, les autorités sanitaires et l’industriel concerné, Nordic Pharma, évoquent des tensions ponctuelles mais jamais de pénurie, insistant sur un accès préservé à l’IVG médicamenteuse en France.
Dans ce contexte, le ministre de la santé, François Braun, a pris la parole ce matin pour assurer de sa mobilisation sur le sujet. « Dès la fin de l’année 2022, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a été informée par le Laboratoire Nordic Pharma de retards de fabrication pour sa spécialité Gymiso [qui ont] entraîné une perturbation de la couverture des besoins en Gymiso [et] conduit à un report d’utilisation vers MisoOne, auquel est venu s'ajouter un retard d’approvisionnement en matière première pour ce dernier. »
Différentes mesures ont été prises par l’ANSM pour pallier toute pénurie, notamment le contingentement en ville. « Concrètement, les pharmacies de ville peuvent uniquement commander au niveau de leur grossiste des boîtes d’un comprimé destinées aux professionnels de santé réalisant des IVG en ville. » De plus, comme lors de tout risque de tension d’approvisionnement, « l’exportation de ces médicaments par les grossistes-répartiteurs vers l’étranger a également été interdite ». Le ministre ajoute que les professionnels de santé qui rencontrent « des difficultés à s’approvisionner auprès de leur pharmacie habituelle peuvent orienter les patientes vers les centres IVG les plus proches, ils disposent de solutions adaptées pour garantir l’accès à l’interruption volontaire de grossesse partout sur le territoire ».
En outre, le ministère de la Santé indique que d’importantes livraisons sont en cours, depuis le 7 avril pour la spécialité Gymiso dans les circuits ville et hôpital (46 500 boîtes au total, soit plus de 3 mois de consommation habituelle) et depuis cette semaine pour MisoOne en conditionnement unitaire (45 000 boîtes). Selon François Braun, les livraisons de Gymiso « ont permis d’honorer des commandes en attente, les boîtes restantes assurant une couverture large des besoins » et l’approvisionnement de la présentation hospitalière de MisoOne (boîte de 16 comprimés) « couvre les besoins mensuels ». Les tensions subsistant sur la présentation de ville (boîte de 1 comprimé) « s’estomperont rapidement grâce aux livraisons en cours », ainsi que grâce à « une importation de la spécialité MisoOne italienne également en cours ».
Dont acte, a réagi OTMeds, qui « attend de voir si réellement les pénuries sur ce médicament vont cesser. C'est en tout cas l'exemple de trop qui prouve qu'une ultraconcentration du marché peut mettre en péril notre sécurité sanitaire ». La situation inquiète aussi le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes (HCE) qui s’est exprimé hier : « L'accès à l'avortement risque d'être fortement limité, portant une grave atteinte aux droits sexuels et reproductifs des femmes (…) La situation américaine fait planer la menace d'une pénurie liée à la constitution de stocks par les États américains qui cherchent à pallier un éventuel arrêt de la production et/ou de la commercialisation de la mifépristone et du misoprostol. »
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