« L’HOMÉOPATHIE en Europe c’est l’auberge espagnole », pointe le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF). Chaque pays a ses propres pratiques en la matière. Alors qu’en France l’homéopathie est considérée comme une pratique médicale et remboursée par la Sécurité sociale, en Suède, par exemple, seuls les non-médecins étaient autorisés à recommander des traitements homéopathiques à leurs patients jusqu’en 2011. En septembre 2011, la Cour administrative suprême suédoise a fini par accorder ce droit aux médecins. Dans d’autres pays, comme aux Pays-Bas et en Allemagne, les homéopathes peuvent être ou non des professionnels de santé. Pour mettre fin à ces disparités, les médecins homéopathes, regroupés au sein de l’European committee for homeopathy (ECH)*, ont décidé de se tourner vers l’Europe. « Cette recherche d’harmonisation européenne est une nécessité », estime le SNMHF. Sa présidente, Dominique Jeulin-Flamme, plaide pour que la pratique de l’homéopathie soit réservée aux médecins, ainsi qu’à quelques professionnels de santé spécialisés. « Les médecins, les pharmaciens, les sages-femmes, les vétérinaires, les dentistes, qui peuvent actuellement prescrire de l’homéopathie doivent pouvoir continuer à le faire, chacun dans leur domaine de compétence », estime-t-elle. Elle souhaite aussi que cette normalisation concerne l’enseignement de l’homéopathie, qui fait déjà en France l’objet d’un accord entre les écoles pour enseigner un programme commun.
Absence de concertation.
De son côté, Didier le Bail, vice-président du Syndicat national de la préparation et de l’homéopathie (SNPH), est plutôt réservé sur cette démarche. « Je comprends le souhait des médecins de normaliser la pratique, car ils sont souvent victimes en France d’une concurrence déloyale de la part de charlatans, déclare-t-il. Ces derniers considèrent l’homéopathie comme la panacée, car ils peuvent la délivrer sans risque, du fait de son faible coût et de son absence d’effets secondaires. » Néanmoins, il regrette que ce projet ait été lancé de manière unilatérale par les médecins, sans concertation avec les autres professionnels de santé pratiquant l’homéopathie. « Il faudrait se réunir autour d’une table et mener une réflexion interprofessionnelle, ce qui nous permettrait d’aboutir à un résultat concret, estime-t-il. Nos collègues médecins homéopathes devraient commencer par se demander pourquoi certains patients sont plus enclins à consulter des non-médecins plutôt qu’eux. Régulièrement, au comptoir, je constate ce qui pourrait être considéré comme des dérives dans la pratique de certains homéopathes. C’est le cas notamment quand des patients se voient remettre des bons de commande de laboratoire par leur médecin, pour commander des produits directement. Ces pratiques contribuent à gommer les différences entre médecins et non-médecins. Toute réforme devrait commencer par une autocritique et par une réflexion sur le fond », juge-t-il. Par ailleurs, il pense que porter l’affaire au niveau européen n’est « pas la meilleure manière » de faire reconnaître l’homéopathie. « Il sera difficile de défendre devant l’Europe le fait que l’homéopathie soit réservée aux médecins, alors que les autorités médicales d’un grand nombre de pays considèrent encore que ce n’est que de l’eau et du sucre. Ce sera d’autant plus compliqué que le paracétamol ou l’aspirine sont en vente sans prescription dans un grand nombre de pays », souligne-t-il.
Interrogés sur ce projet européen, les Laboratoires Boiron, spécialisés en homéopathie, déclarent ne pas avoir de position sur le sujet pour l’instant. Ils indiquent seulement vouloir « apporter leur vigilance sur le fait que les médicaments homéopathiques continuent à être en libre circulation pour les professionnels de santé ».
La commission française dédiée à cette normalisation se réunira le 20 février pour mettre en place le début du travail. Le bouclage du projet est attendu dans trois ans maximum.
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