Depuis avril 2019, une recherche du déficit en dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD) doit être systématiquement réalisée chez tous les patients devant recevoir une chimiothérapie utilisant les fluoropyrimidines (5-fluoro-uracile dit 5FU, ou capécitabine, à savoir Xeloda et génériques).
Le test doit être réalisé obligatoirement avant la première dose de fluoropyrimidines et repose sur la mesure de l’uracilémie. Après avoir fait réaliser le test ou vérifié qu'il a été réalisé, et adapté la posologie si besoin, le prescripteur doit inscrire la mention « résultats uracilémie pris en compte » sur l'ordonnance.
Cette mesure implique également des obligations pour le pharmacien d’officine qui délivre la capécitabine (Xeloda et génériques), sachant que les médicaments à base de 5FU ne sont disponibles qu’à l’hôpital. Il ne fera cette délivrance que si « la prescription émane d’un médecin hospitalier oncologue, cancérologue ou hématologue », et que si « la mention "Résultats uracilémie pris en compte" figure sur la prescription. En l’absence de cette mention, il devra prévenir le prescripteur que le traitement ne peut être dispensé », précise la direction générale de la santé (DGS) dans un message aux professionnels de santé.
Si ces obligations sont rappelées, c'est en raison des résultats de trois études monocentriques françaises mesurant l’application de l’obligation de dépistage du déficit en DPD, qui suggèrent des manquements importants. « Bien que le dosage de l’uracilémie semble être effectué chez la quasi-totalité des patients traités par fluoro-uracile ou capécitabine, celui-ci n’est pas systématiquement réalisé avant le début du traitement. La part de patients chez qui le résultat du test est disponible avant la première dose de traitement varie de 21 % à 72 % selon les centres, sur des données disponibles entre 2019 et 2021 », détaille la DGS.
Chaque année en France, près de 80 000 personnes atteintes d’un cancer – principalement digestif, mammaire ou ORL - sont traitées par fluoropyrimidines utilisées seules ou en combinaison avec d’autres anticancéreux. Or ces molécules peuvent entraîner des toxicités sévères (chez 1 patient sur 5), voire des décès (entre 1 patient sur 100 et 1 patient sur 1 000). Une partie de ces toxicités est liée à un déficit d’activité de la principale enzyme permettant l’élimination de ces médicaments, la DPD. Le déficit peut être partiel (3 à 5 % des patients) ou total (entre 0,01 % et 0,5 % des patients). C’est pour cela que les autorités sanitaires ont recommandé, en décembre 2018, que la recherche du déficit en DPD soit systématiquement réalisée chez tous les patients devant recevoir une chimiothérapie utilisant les fluoropyrimidines.
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