Selon une enquête publiée fin 2022 par Les Entreprises du médicament (LEEM) sur l'attractivité de la France pour la recherche clinique, notre pays se classait au 2e rang européen (ex aequo avec l'Allemagne) dans le domaine des essais patients et en 4e position pour les essais volontaires sains et patients.
Des résultats qualifiés « d'encourageants » par le LEEM, mais qui pourraient être encore meilleurs. « La France est leader dans beaucoup de domaines, notamment sur la recherche académique, ou dans des domaines d'excellence, comme l'oncologie », précise tout d'abord le Dr Denis Comet, animateur du groupe « attractivité » à l’AFCROs, organisme qui réunit les entreprises de la recherche clinique. « Concernant les essais cliniques, les dossiers sont traités plus vite aujourd'hui (176 jours pour inclure un patient en 2021 contre 204 jours en 2019 selon les chiffres du LEEM), mais le recrutement des patients pose toujours un problème, observe le Dr Comet. Nous devons aller plus loin sur la décentralisation, favoriser le fait que la recherche puisse être transférée vers le lit du malade car cela épargne des déplacements aux patients en plus d'éviter des coûts importants. Décentraliser permet aussi de toucher une population plus large que celle qui fréquente les hôpitaux. Pour arriver à cet objectif, il faut aussi encourager la dématérialisation, les e-contrats permettent par exemple de recueillir le consentement d'un patient à distance, ce qui est très pratique. »
Une simplification qui n'a pas duré
Comme le fait remarquer le Dr Luca Mollo, directeur médical Pfizer France, la crise du Covid a permis certains assouplissements dans ce domaine. Une simplification qui, malheureusement selon lui, n'a pas perduré dans le temps. « Pendant cette crise sanitaire, on a simplifié des processus, notamment au niveau de la CNIL, on a pu amener directement le traitement aux patients… Mais tout cela n'a pas été reconduit », regrette le Dr Mollo. Pour lui aussi, il est grand temps d'accélérer sur la décentralisation des essais cliniques. « Aujourd'hui, 70 % des patients qui participent aux essais cliniques habitent à 2 heures ou plus du centre qui l'organise. La contrainte de se rendre à l'hôpital est énorme pour les patients. Décentraliser les essais permettrait donc d'augmenter le nombre de patients à inclure mais aiderait aussi à désengorger les hôpitaux. Ce serait aussi très positif au niveau de l'observance », souligne-t-il.
Selon l'économiste Pierre Bentata, auteur de travaux sur les essais cliniques, il faut aussi changer de logiciel et de ne plus voir la santé uniquement « comme une dépense » estime-t-il, avant d'insister sur l'importance, pour la France, de rester attractive aux yeux des laboratoires étrangers. « Il y a un effet boule de neige avec les essais cliniques. Dès qu'un essai clinique est réalisé dans un centre ou un hôpital, celui-ci est ciblé ensuite. Au contraire, la complexité administrative, la difficulté à recruter et regrouper des patients, des délais trop longs… tout cela peut pénaliser la France si elle se trouve en ballottage avec un autre pays. » Pour Pierre Bentata, il faut aussi insister, enfin, sur les effets bénéfiques que peuvent avoir les essais cliniques sur les hôpitaux qui décident de s'y impliquer. « Les directions d'hôpitaux nous disent toutes que les essais cliniques qu'elles ont menés ont créé une synergie entre les équipes, Cela leur a donné de la motivation et contribué à redonner du sens à leur métier. »
L'exemple espagnol
Même si elle est encore bien positionnée au niveau européen, la France a donc encore des leviers à actionner pour être encore plus performante dans le domaine des essais cliniques. Elle pourrait aussi s'inspirer de l'un de ses voisins qui, en seulement quelques années, est parvenu à se hisser en tête de tous les classements en la matière. « L'Espagne est aujourd'hui leader en Europe pour la mise en place d'études de recherche clinique, elle talonne même les États-Unis, explique Charlotte Bazire-Achcar, qui a mené une étude sur le sujet pour IQVIA. Le gouvernement espagnol a voulu accélérer sur la recherche clinique il y a quelques années et ils l'ont vraiment fait. » Pour elle aussi la question de la décentralisation des essais cliniques, point sur lequel l'Espagne est très performante, doit être au cœur des préoccupations en France. « 5 % des centres français concentrent 90 % des études cliniques. Les autres ne sont pas retenus et c'est un cercle vicieux car moins on est choisi, moins on a de chance de l'être. Les centres choisis en France sont tous ou presque concentrés en Île-de-France. Les autorités espagnoles, elles, se sont ouvertes à d'autres méthodologies. Leur communication à destination des patients sur les essais cliniques est aussi très bonne. Ils ont également moins de difficultés à trouver du personnel expert et qualifié pour mener ces essais », liste Charlotte Bazire-Achcar, qui incite donc les autorités françaises à regarder de plus près ce qui est mis en place de l'autre côté des Pyrénées.
D'après la table ronde « Recherche clinique : transformer l'essai après la pandémie », tenue le 20 mars dans le cadre de la conférence des Assises de l'avenir organisées par « Pharmaceutiques » et le cabinet Asterès : « Réindustrialiser, innover et financer : l’équation impossible ? ».
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %