Un groupe hospitalier brésilien est accusé d'avoir testé l'efficacité d'un traitement anti-Covid expérimental sans le consentement des patients. 600 cobayes auraient participé bien malgré eux à cet essai clinique clandestin.
Un cocktail à base d'hydroxychloroquine et d'azithromycine peut-il soigner des patients atteints d'une forme grave du Covid ? Si de nombreuses études internationales ont déjà confirmé que non, un groupe hospitalier brésilien, Prevent Senior, a tout de même voulu tester l'efficacité de ce traitement par lui-même. Le tout, sans juger nécessaire de prévenir les patients ni leurs proches.
L'affaire, qui fait grand bruit au Brésil, a été révélée par des médecins travaillant pour Prevent Senior. Ces derniers accusent leur hiérarchie de les avoir forcés à administrer ce "Kit Covid" entre fin mars et avril 2020 dans des conditions bien éloignées de celles qui s'appliquent à un essai clinique mené en bonne et due forme. « Il n'y avait aucune autonomie pour le médecin, c'était obligatoire », a expliqué l'un de ces médecins lors d’une audition devant le Sénat brésilien. La chaîne de télévision « Globonews » a, elle, eu accès à des documents édifiants. « Nous allons commencer le protocole hydroxychloroquine + azithromycine. Veuillez NE PAS INFORMER LE PATIENT ou LA FAMILLE sur le médicament ou le programme », peut-on ainsi lire dans l'un des messages privés envoyé par le directeur du groupe hospitalier à ses salariés.
Sans surprise, « l'essai clinique » n'a pas eu les résultats escomptés. Prevent Senior, qui gère une dizaine d'hôpitaux dans la région de São Paulo, aurait alors tout simplement trafiqué les dossiers médicaux de patients décédés. « Globonews » affirme en effet que la mention « Covid » aurait été supprimée des certificats de décès de neuf personnes qui ont succombé au cours de l'étude. De son côté, le groupe Prevent Senior affirme n'avoir commis « aucun acte répréhensible » et prétend que les familles et les malades avaient bel et bien « donné leur consentement avant de participer ». Une défense qui semble donc largement contredite par les témoignages des médecins salariés du groupe et par les preuves factuelles révélées par plusieurs médias brésiliens.
« Laboratoire des horreurs », « Plus grand scandale médical de l'histoire du Brésil »… si l'indignation est déjà grande, elle pourrait l'être encore davantage dans les semaines qui viennent. Selon l'avocate des médecins qui ont accepté de témoigner, l'essai clinique de Prevent Senior aurait en effet été « encouragé » par le président brésilien en personne. Jair Bolsonaro, qui a confirmé le 12 octobre qu'il ne se ferait pas vacciner, a souvent prétendu que l'hydroxychloroquine constituait un traitement efficace contre le Covid. Dans l'espoir de voir ses affirmations confirmées par des preuves scientifiques, le président brésilien est-il allé trop loin ?
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %