Insolite

L’intelligence du champignon

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Publié le 07/11/2024
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Alors que la saison des champignons touche à sa fin, voici une étude qui nous en apprend un peu plus sur ces organismes vivants qui convoquent tour à tour la gastronomie, la toxicologie et la pharmacologie. En l’occurrence, des chercheurs japonais ont mené des travaux sur Phanerochaete velutina, un basidiomycète qui n’a rien du cèpe, ni par l’allure, ni par le goût. Mais leur objectif n’était pas culinaire. Les spécialistes d’écologie fongique se sont plutôt intéressés à la façon dont se développe le mycélium de cette espèce. Très précisément, leur étude visait à examiner le comportement et la capacité du réseau mycélien à décomposer le bois sur lequel il a l’habitude de croître en formant des cordons. « Nous avons placé des blocs de bois bien colonisés dans deux dispositions spatiales (cercle et croix) sur une plaque et comparé le développement du réseau mycélien et la décomposition du bois sur 116 jours », expliquent-ils.

Dans la disposition en cercle, le degré de connexion (nombre de cordons connectés) des blocs variait de 0 à 8, sans différences significatives observées selon les positions. Alors que dans la disposition en croix, les blocs extérieurs présentaient un degré de connexion plus élevé que les blocs intérieurs. Ces blocs périphériques pourraient-ils être des « avant-postes » du réseau mycélien, points de départ de l’exploration de nouvelles ressources ? Telle est l’hypothèse formée par les chercheurs. Quant au modèle circulaire, qui montre l’absence de développement mycélien vers le centre du cercle, c’est un peu comme si le champignon avait jugé inutile de s’étendre dans cette région vide et dénuée d’intérêt, estiment en substance les auteurs.

Quoi qu’il en soit, ces résultats suggèrent au moins que le réseau mycélien est capable de communiquer des informations sur son environnement à l’ensemble de sa structure et d’adapter sa croissance en fonction de la configuration spatiale. D’être un réseau pensant, en quelque sorte… De là à parler d’intelligence fongique, il y a un pas. Et sans doute pas encore de quoi freiner l’appétit des amateurs de poêlées forestières !

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien