Les associations LGBT+ dénoncent les failles de « Mon espace santé » et la possibilité pour les professionnels de santé d’accéder à l’historique médical des patients. Autant de risques de discriminations et de rupture d’égalité aux soins dont s’inquiètent particulièrement les personnes transgenres et séropositives.
Faut-il boycotter « Mon espace santé », ce nouveau carnet de santé numérique dont le ministère de la Santé et l’assurance-maladie font la promotion sur les chaînes TV ?, s'interrogent les associations LGBT+ . Une mise en garde des patients, et plus particulièrement des personnes transgenres et séropositives, est en tout cas indispensable, alertent leurs représentants.
Car, à la différence du DMP dont la création était proactive, relevant donc de la volonté individuelle du patient, l’ouverture de « Mon espace santé » se fait par défaut. « Passé un délai de six semaines, si le patient n’émet pas d'opposition, " Mon espace santé est activé automatiquement " », dénoncent les associations citées par le quotidien « Libération ». Selon elles, les pouvoirs publics n’insistent pas assez sur cette disposition dans leur communication. Par ailleurs, sur Youtube, le site transféministe XY déplore – entre autres — que le public ne soit pas informé sur la possibilité de masquer certaines données. Leurs inquiétudes quant aux conséquences de la consultation de leur historique médical par les professionnels de santé sont fondées, insistent ces associations LGBT+.
Le site transféministe XY rappelle ainsi qu'en 2011 une étude de l’association Chrysalides signalait que plus d'un tiers des personnes transgenres renonçait aux soins en raison de comportements transphobes des soignants. De même, selon une enquête de l’association AIDES, 17 % des personnes séropositives faisaient état en 2015 de discriminations dans leur parcours de soins, tout particulièrement pour les soins dentaires. Autant d’alertes qui font craindre aux associations concernées encore davantage de ruptures d’accès aux soins dans ces populations si la configuration de « Mon espace santé » restait inchangée.