Les Arènes. Rome et son Colisée n’ont qu’à bien se tenir ! Si l’amphithéâtre nîmois n’a pas l’envergure de son cousin transalpin, il le dépasse nettement par son état de santé. C’est le mieux conservé du monde romain, disent les experts. On s’en aperçoit depuis l’esplanade Charles de Gaulle, vaste agora joliment rénovée où se croisent les jeunes Nîmois du lycée Saint-Vincent-de-Paul et les retraités sortis en promenade. Les deux niveaux d’arcades soutiennent sans faiblir les 21 m de haut, 133 m de long et 101 m de large des arènes. Une performance. La pierre calcaire, elle, semble résister à l’usure du temps. Quelque 24 000 personnes y prenaient place. Hors épidémie, ils sont presque aussi nombreux pour les corridas et les courses camarguaises, proposées pendant les iconiques férias de la Pentecôte (en mai ou juin) et des Vendanges (en septembre).
Face aux arènes se dresse depuis 2018 le musée de la Romanité. Décrié par certains pour ses lignes contemporaines opposées au monument antique (la Pyramide du Louvre connut la même polémique en son temps…), le bâtiment signé Elizabeth de Portzamparc protège sous ses façades en verre plissé 5 000 œuvres, de la Gaule au Moyen Âge. L’alibi du musée fut la découverte d’une mosaïque remarquable lors de fouilles préventives au creusement d’un parking. Datant du IIe siècle, elle présente une scène mythologique rarement ciselée, le meurtre de Penthée, roi de Thèbes. Le panneau de 35 m², en parfait état de conservation, est placé au sol. Dans une muséographie aérée enrichie de dispositifs multimédias, le visiteur se balade entre une maison gauloise, d’autres mosaïques romaines, une collection lapidaire et des sarcophages. Le tout rassemble les œuvres de l’ancien musée archéologique de la ville, devenu obsolète. Un restaurant « signature », La Table du 2, du chef Franck Putelat, prend place sous le toit-terrasse, d’où l’on jouit d’une belle vue sur
la ville.
Le boulevard Victor-Hugo mène des arènes au deuxième grand monument antique de Nîmes : la Maison Carrée. Tout se joue à l’extérieur d’un édifice pour le coup… rectangulaire, voué jadis au culte impérial. Harmonie des proportions, finesse des colonnes, sobriété des lignes… Sa position au centre d’une place piétonnisée, face au Carré d’Art signé Norman Foster, lui confère une majesté attachante. Bâti au Ier siècle avant J.-C., ce temple est considéré par les spécialistes comme le mieux préservé de l’Empire romain.
Pour rejoindre la Porte d’Auguste, autre vestige, il est conseillé de traverser l’Écusson. Ce terme désigne le centre historique nîmois – le mot est aussi utilisé à Montpellier –, limité par les boulevards Hugo, Gambetta, Courbet et Libération. Voilà le Nîmes des petites places et des ruelles, bordées d’hôtels particuliers et du panel habituel des commerces. Mais pas que. Rue des Arènes, rue Fresque (Bar 421), rue de l’Étoile (restaurant Entre 2 Tapas), rue Saint-Antoine…, Nîmes joue délibérément la carte ibérique, avec quantité de restaurants à tapas, de bodegas et de bars taurins… Elle n’est pas pour rien la ville la plus chaude de France.
De l'Italie à l'Espagne
Au coin nord-est de l’Écusson, la Porte d’Auguste ramène à Rome. Venue de la Botte, la voie Domitienne (Via Domitia) pénétrait en ville par cette arcade, avant de filer vers l’Espagne. Ses passages en arc plein cintre étaient empruntés par les chars et les piétons. Une statue d’Auguste trône à l’arrière de l’arche. Tout cela rappelle qu’au sein de la Gaule narbonnaise, Nemausus (Nîmes) était une place forte de commerce, couverte d’édifices à la gloire de l’Empire. Aux monuments présentés s’ajoutait un forum, bordé au sud par La Maison Carrée, ainsi qu’un théâtre, jamais retrouvé.
Il est l’heure de filer au nord vers le site fondateur de Nîmes, les Jardins de la Fontaine. Aire de respiration et de verdure dans une ville au tissu dense, ces jardins étendus au pied du mont Cavalier abritent une source à l’origine de l’arrivée, vers le IIIe siècle avant J.-C., d’une tribu de Volques Arécomiques. La résurgence existe toujours. Près d’elle se tient le temple de Diane, à la fonction mystérieuse, dont les vestiges du IIe siècle s’accordent à la végétation. Au-dessus des jardins, impossible de manquer la tour Magne. Totem de Nîmes, cette tour rescapée de l’enceinte fortifiée bâtie sous l’empereur Auguste s’élève à 32 m. Du sommet, il suffirait d’apercevoir le Pont du Gard voisin pour prouver à quiconque que Nîmes et son territoire sont clairement les as de la romanité en France.