Votre réponse doit être sans appel : Non !
Voici pourquoi.
1- Les poux sont des insectes spécifiques d’hôtes : de ce fait les poux de la tête de son enfant (Pediculus humanus capitis) ne contamineront ni son chien (parasité par Trichodectes canis ou Linognathus setosus) ni son chat (parasité par Felicola subrostratus). Il faut donc commencer par rassurer ce client. S’il doit traiter son enfant (et, en prévention, les autres membres de la famille sans oublier de désinfecter linge de maison, literie…) il n’a pas besoin de s’occuper de son animal de compagnie en préventif : ce n’est pas une zoonose.
2- Si l’infection par les poux de la tête est relativement fréquente chez l’enfant, la phtiriose au contraire est relativement rare chez le chien et le chat ; elle peut s’observer chez des animaux ayant fait un séjour en chenil (ou chatterie), ou en contact avec de nombreux congénères à l’extérieur, ou au retour d’un toilettage (par l’intermédiaire des brosses par exemple). Si votre chien (chat) se gratte, il vaut mieux commencer par inspecter son pelage pour rechercher… des puces ( !) car l’infestation par les puces (pullicose) est beaucoup plus fréquente et à l’origine de prurit que la phtiriose. Toutefois on peut aussi chercher des poux : contrairement aux puces ce sont des parasites permanents, et les adultes comme les œufs (lentes) se trouvent sur le pelage. Les poux piqueurs hématophages préfèrent le cou et la tête, les poux broyeurs (se nourrissent de débris cutanés) préfèrent le tronc, le dos et les cuisses. Le pou, aplati dorsoventralement et de couleur sombre, n’est pas facile à voir sur un pelage noir ; par contre ses lentes, blanchâtres, sont collées à la base des poils et mesurent 1 mm, donc plus visibles. Un chien ou un chat porteur de poux se gratte et peut devenir nerveux. Il peut aussi avoir quelques lésions cutanées qu’il se fait lui-même par grattage. Son pelage est terne.
3- Les poux des animaux domestiques sont facilement éliminés par la plupart des produits antipuces qui ont souvent aussi une AMM contre les poux, alors que les anti-poux humains n’ont pas d’AMM pour les animaux domestiques (et d’ailleurs plus d’AMM du tout !), de ce fait ils ne doivent pas leur être proposés. En outre les produits anti-poux humains sont des lotions ou des shampooings qu’il faut appliquer puis laisser agir un moment avant de rincer, ce qui paraît très difficile à faire sur un chien (qui risque de se lécher) et a fortiori sur un chat qui va se toiletter consciencieusement et ingérer les différents produits. Du fait de l’abandon des produits insecticides « contrôlés » en raison de la résistance des poux et des risques de toxicité pour l’homme (et aussi pour les animaux) les produits actuellement sur le marché sont des dispositifs médicaux qui ne répondent pas aux mêmes critères d’évaluation que les médicaments. Il faut donc rester très prudents quant à leur utilisation chez l’animal.
Enfin la réciproque est vraie. Devant les difficultés à éliminer les poux de la tête de leurs enfants, des parents ont l’idée d’utiliser des produits adaptés à leur animal de compagnie (qui ont souvent une indication anti-poux). L’Anses attire d’ailleurs régulièrement l’attention sur cette règle d’or : n’utilisez pas d’antiparasitaire destinés aux animaux pour traiter les poux des enfants ! (sic)*.
Si l’on suspecte des poux chez un animal de compagnie, le meilleur conseil à donner est de consulter un vétérinaire qui confirmera l’infestation et administrera les traitements adaptés. Une automédication, a fortiori avec des produits destinés à l’homme, risque de faire plus de mal que de bien (à chacun ses poux… et ses traitements).
Ref : 2018 : https://www.anses.fr/fr/content/veillez-au-bon-usage-des-antiparasitair….
2016 : https://www.anses.fr/fr/content/traitements-anti-poux-des-enfants