La prescription officinale de médicaments remboursables n’est pas totalement nouvelle au Royaume-Uni, puisqu’elle se pratique déjà depuis 2002 en Écosse, et depuis peu au Pays de Galles. En Angleterre en revanche – où se situent 85 % des 14 000 officines britanniques - cette possibilité était certes déjà offerte à certains pharmaciens, mais uniquement avec l’accord et sous le contrôle des médecins traitants des patients concernés. Le NHS vient de lever cette obligation préalable et va former dans un premier temps 3 000 pharmaciens à la prescription « indépendante », lesquels participeront à leur tour à la formation des pharmaciens restants. L’objectif est que tous les pharmaciens anglais puissent devenir prescripteurs d’ici à 2026. Le directeur des services pharmaceutiques du NHS pour l’Angleterre, David Webb, a déclaré que les pharmaciens anglais rendent déjà avec succès de nombreux services aux patients et que le droit de prescription viendra compléter et améliorer encore ces derniers. Depuis cet été, les pharmaciens britanniques sont par ailleurs autorisés, sous certaines conditions, à prolonger les arrêts de maladie établis par les médecins aux patients.
En pratique
En pratique, chaque région anglaise sera dotée l’an prochain d’un centre de formation et de référence à la prescription pharmaceutique, qui sera animé par des médecins et par des pharmaciens cliniciens, en particulier ceux qui travaillent dans des centres et cabinets médicaux de groupe, une pratique très répandue dans le pays. À l’issue de ces formations allant du diagnostic au suivi de la délivrance, pour une liste d’affections qui n’est pas encore précisément définie, les 3 000 premiers pharmaciens formés deviendront des « pharmaciens éclaireurs » et formeront à leur tour le reste de leurs confrères.
Les pharmaciens britanniques sont très demandeurs de nouveaux services et de nouvelles missions, d’autant que ces activités sont rémunérées par des honoraires qui compensent la baisse régulière des honoraires de dispensation, et leurs associations professionnelles ont salué cette nouvelle évolution. La population plébiscite ces services, car les médecins sont traditionnellement peu nombreux et difficiles d’accès, le NHS limitant depuis des décennies leur nombre pour des raisons d’économie. Les consultations et prescriptions menées de manière « indépendante » par les pharmaciens anglais constituent donc une nouvelle étape de la réorganisation des services de santé du pays, selon un modèle « gagnant-gagnant » aussi bien pour le NHS que pour les pharmaciens et les patients eux-mêmes.