À partir du 24 mai, en raison d’un risque d’abus et d’usage détourné, la prescription de la prégabaline (Lyrica et génériques) sera limitée à 6 mois, non renouvelable sans une nouvelle ordonnance.
Les règles de prescription des médicaments à base de prégabaline (Lyrica et génériques) changent à partir du 24 mai. Ces médicaments inscrits sur la liste I des stupéfiants, peuvent donc être prescrits sur une ordonnance simple non renouvelable sauf mention contraire « à renouveler X fois » (avec un maximum de X = 12) et une quantité maximale délivrée par fraction de 30 jours. Mais à partir du 24 mai, leur prescription sera réalisée sur ordonnance sécurisée et limitée à 6 mois de traitement et la poursuite du traitement nécessitera une nouvelle prescription, comme l’indique un arrêté publié au « Journal officiel » du 24 février.
Cette décision a été prise en raison d’un risque de pharmacodépendance, d'abus et d'usage détourné avec la prégabaline, sur une proposition de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Ce risque est déjà connu et suivi depuis 2012, mais les dernières données du réseau d’addictovigilance montrent que le phénomène s’est accentué en 2019 et qu’il s’est poursuivi durant le confinement.
Selon 234 notifications analysées en 2019, les utilisateurs sont majoritairement des hommes (82 %), d’âge moyen 27 ans et ayant obtenu la prégabaline illégalement (47 %). La finalité d’usage est la défonce, l’euphorie et l’antalgie. 69 % des utilisateurs ont des antécédents d’abus ou sont des polyconsommateurs (cependant, un cas confirme l’absence d’antécédents d’abus).
Aujourd’hui, ce mésusage peut même être observé chez des sujets sans antécédents. Il s’accompagne de complications cliniques graves, allant parfois jusqu’au décès. De plus, la prégabaline a montré qu’elle pouvait augmenter le risque d’overdoses aux opiacés, ce qui est inquiétant : cela peut concerner des patients sous médicaments de substitution aux opiacés, et des sujets traités pour douleur chronique. L’ANSM souligne également que le risque de dépendance primaire existe, mais qu’il est peu connu des professionnels de santé : la prescription de prégabaline doit être non anodine, même chez les sujets sans antécédents d’abus.