En 2020, la Cour Constitutionnelle autrichienne a estimé que même si l’euthanasie dite « active » et « l’aide au suicide » sont et doivent rester interdites, tout patient souhaitant abréger ses souffrances conserve le droit de mettre fin à sa vie.
Dans un tel cas, la société doit pouvoir « faciliter » son geste, à condition que le patient l’accomplisse lui-même. Le gouvernement a donc préparé un projet dans ce sens, autorisant sous des conditions très strictes certains malades à commander une solution létale à leur pharmacien. En pratique, seuls les patients majeurs, dont l’absence de toute perspective de guérison est attestée par au moins deux médecins, dont un formé aux soins palliatifs, pourront demander à bénéficier de cette « facilitation ». Les patients concernés devront ensuite respecter un délai de réflexion de 12 semaines, ramené à 2 semaines si le décès est prévisible avant ce terme. Le pharmacien pourra alors leur délivrer une préparation à base de Pentobarbital, déjà utilisée dans plusieurs pays, comme la Belgique et la Suisse, par les patients souhaitant mettre un terme à leur existence. Toutefois, l’euthanasie étant interdite, il faudra que le patient aille chercher lui-même son « médicament » à la pharmacie, ou se le fasse livrer par une personne expressément désignée, sous contrôle d’un notaire. De même, il appartiendra au patient d’avaler lui-même la solution létale ; si cela lui est médicalement impossible, il pourra se l’administrer grâce à une sonde, à condition là aussi que ce soit lui qui active cette dernière. Ainsi, le patient se sera tué lui-même, sans intervention directe d’un tiers.
Une liste nationale des refus
Le projet de loi précise que les pharmaciens auront le droit de refuser de préparer et de délivrer les solutions létales. Pour cette raison, tous les pharmaciens qui acceptent de le faire devront s’inscrire sur une liste nationale, qui sera diffusée aux patients désireux de recourir à cette procédure. La présidente de l’Ordre des pharmaciens autrichiens, Ulrik Mursch-Edlmayr, a déclaré que les pharmaciens « assurent l’ensemble des tâches et missions que leur confient les pouvoirs publics, et ne feront pas exception pour celle-ci », dès lors qu’ils peuvent la refuser pour des raisons éthiques. Elle ajoute néanmoins que l’Ordre va demander plusieurs expertises juridiques et pharmacologiques avant de préciser officiellement sa position, qui tiendra compte de toutes les conséquences d’un tel acte. Le projet devrait, sauf surprise, être largement adopté par le Parlement car il a recueilli, outre le soutien de la coalition actuelle, celui de l’opposition social-démocrate. Le corps médical s’est déclaré très favorable à cette mesure, soutenue aussi par la majorité de la population générale.