2,6 millions de personnes, au moins, seraient atteintes d'incontinence urinaire dans la tranche d'âge des plus de 65 ans (ameli.fr).
Mais les plus jeunes ne sont pas épargnés, comme le précise Marie-Line Risch, responsable marketing des produits d'hygiène et d'incontinence pour les Laboratoires Hartmann : « 27 % des Français concernés par un problème de fuites urinaires ont moins de 50 ans et parmi eux 40 % sont des hommes. » Dans la population féminine, la prévalence du trouble varie selon les études, mais elle augmente avec l'âge. En revanche, la moitié des femmes incontinentes présenteraient une incontinence urinaire d'effort, déclenchée par un éternuement, un rire, une toux… L'incontinence par impériosité, quant à elle, se traduit par une envie d'uriner très fréquente qui ne laisse pas le temps d'arriver aux toilettes. Les deux types de symptômes peuvent aussi coexister et seront désignés comme une incontinence mixte. Quant aux hommes, près d'un million d'entre eux seraient touchés en France, généralement âgés - 7 % à 8 % des 65 ans - même si des patients plus jeunes peuvent en souffrir, suite à une opération de la prostate par exemple. Le trouble prend le plus souvent l'aspect d'une incontinence urinaire par regorgement (trop plein urinaire) qui se traduit par une envie fréquente d'uriner associée à de faibles quantités émises.
Incontinence moyenne à sévère
Ces cas de figure multiples trouvent à l'officine des réponses tout aussi diverses. « En pharmacie, la véritable valeur ajoutée c'est le conseil », poursuit Marie-Line Risch. En effet, les profils des utilisateurs de protections urinaires sont très différents, tout comme leurs besoins. « Le change complet répond à une incontinence sévère. Il est généralement acheté par une tierce personne et doit correspondre au mieux à la morphologie du patient qui va le porter pendant plusieurs heures. » Le fabricant a ainsi lancé un change complet Confiance Elastic, en septembre 2020, avec une attention particulière portée au confort, au pouvoir d'absorption et à la facilité de pose. « Trois personnes sur quatre qui achètent un change complet se tournent vers la pharmacie. Elles y trouvent un conseil indispensable pour choisir un produit qu'elles ne vont pas porter elles-mêmes et qui doit convenir à la personne qu'elles vont équiper. » L'échantillonnage de produits que va dispenser le pharmacien va également permettre de trouver le change le mieux adapté au patient. Le segment de l'incontinence sévère est celui où la pharmacie est la plus performante. La catégorie des pants ou pull-up, étudiés pour répondre à une incontinence moyenne chez des personnes mobiles, est un autre segment privilégié du circuit, devant les protections légères – protège-slips, protections anatomiques, culottes absorbantes jetables…
Lucas Esteban, chef de produit Semesa au sein du Laboratoire Marque Verte, confirme la prédominance des produits à forte absorption dans le circuit officinal. « En pharmacie, le cœur de marché se consacre à une incontinence moyenne à lourde. Les pants ou pull up, qui constituent le segment des slips absorbants, occupent 50 % du marché en valeur. Suivent les changes complets, qui représentent 20 % des ventes, puis les protections légères, avec 16 %, le reste de l'offre étant répartie entre les alèses, les couches anatomiques et rectangulaires, les culottes de maintien… » La clientèle qui vient acheter ces dispositifs (de classe I) n'est pas forcément celle des utilisateurs. « Beaucoup d'aidants viennent se fournir en pharmacie. Quant aux patients, il s'agit plutôt de seniors qui souffrent d'incontinences diverses (effort, regorgement, vessie irritable) qui peuvent aussi résulter de la prise de traitements. »
Un effet « Covid », mais ponctuel
Cette clientèle s'adresse à l'officine pour trouver un produit adapté à ses besoins et le conseil qui l'accompagne tout en étant rassurée. « En pharmacie, on vient chercher un dispositif spécifique, plus apparenté à un objet de soin », explique Lucas Esteban. Le change complet, par exemple, ne correspond pas à toutes les attentes. « Tant que la personne n'est pas dépendante, elle est réticente à porter ces changes. Les pants sont plus facilement acceptés car moins infantilisants. » C'est pourquoi Semesa élargit sa gamme de slip absorbants – extra et super étudiés pour répondre aux fuites modérées à fortes - en lançant un modèle Maxi pour incontinence forte.
C'est pourtant le segment des protections légères qui a vu ses ventes se développer lors du premier confinement, entre mars et avril 2020. « Le public a ponctuellement déserté le circuit GMS par peur d'être contaminé par le virus du Covid-19. Il a reporté ses achats de protections légères, habituellement effectués en grande surface, sur l'officine et a fait des réserves par anticipation. » Par la suite, les comportements se sont normalisés et le marché a compensé cette hausse momentanée en enregistrant une activité à la baisse. À avril 2021 et sur douze mois, le marché officinal de l'incontinence a marqué un léger recul, autour de 1 % en volume et en valeur. « Habituellement, les ventes progressent d'environ 3 % à 4 % tous les ans, excepté en 2019-2020 où elles ont atteint des hausses de 9 % en volume et 6,5 % en valeur sous l'effet de la crise sanitaire du début 2020. » Une croissance qui, à l'avenir, pourrait être nourrie par d'autres facteurs. « Le segment des culottes pour incontinence légère à modérée est en pleine croissance en pharmacie, indique Lise Benoist, chef de gamme Saforelle chez Iprad. Il représente 4,4 millions d'euros et a enregistré une hausse de 15 % (à fin mai 2021 sur douze mois). Composé principalement de culottes jetables imitant la lingerie, il accueille aujourd'hui des modèles lavables comme les Culottes Fuites Urinaires lancées en janvier dernier par Saforelle. Elles viennent élargir l'offre d'un rayon qui fait la part belle aux gammes Tena (Essity), Lille Healthcare/Suprem, Classic (Ontex Healthcare), ID et son nouveau Pants Maxi XL (Ontex Healthcare), AMD (Activ Medical Disposable)… »