Le décret qui autorise l’expérimentation de l’usage médical du cannabis a été publié au « Journal officiel » du 9 octobre. C’est un pas de plus vers la mise en œuvre de cette expérimentation, mais qui n’en donne pas encore le top départ : il manque pour cela plusieurs arrêtés venant apporter diverses précisions, notamment concernant les médicaments autorisés, la liste des entreprises participant à l’expérimentation, la formation des médecins et pharmaciens, etc.
L’expérimentation doit commencer au plus tard le 31 mars 2021 et durera deux ans à compter de la prescription au premier patient. Elle concernera 3 000 patients, qui pourront se faire prescrire du cannabis dans 5 indications seulement : douleurs réfractaires aux thérapies, épilepsies sévères et pharmacorésistantes, soins de support en oncologie, spasticité douloureuse liée à la sclérose en plaques, et situations palliatives.
Pas de fumée
Les médicaments à base de cannabis autorisés dans ce cadre seront soumis au régime des stupéfiants et fournis à titre gratuit par les entreprises participant à l’expérimentation. Ils se présenteront sous des formes à effet immédiat (sublinguales et inhalées à base d'huile et de fleurs séchées pour vaporisation) et sous des formes à effet prolongé (formes orales de type solution buvable ou capsules d’huile). En revanche, il n’y aura pas de cannabis thérapeutique par administration fumée.
Leur prescription initiale sera exclusivement effectuée par un médecin volontaire participant à l’expérimentation et formé, exerçant dans une structure de référence prenant en charge les indications thérapeutiques ou les situations cliniques retenues pour l'expérimentation, jusqu'à stabilisation du patient. Une fois le traitement équilibré, le renouvellement sera possible par tout médecin préalablement formé (cette formation, qui reste à définir, pourrait se présenter sous forme d’e-learning). Les médicaments pourront être dispensés par les pharmacies à usage intérieur des établissements de santé et par les pharmacies d’officine volontaires pour participer à l’expérimentation, qui devront également avoir suivi une formation obligatoire.
Une information primordiale
Les patients inclus dans l'expérimentation seront informés sur les précautions particulières d'utilisation des médicaments à base de cannabis, les effets indésirables éventuels, les contre-indications et les effets sur la conduite de véhicules ou l'utilisation de certaines machines au moment de la prescription. Un document écrit rappelant ces informations, produit par l'ANSM, leur sera remis au moment de la prescription.
Enfin, pour assurer le suivi des patients inclus, et notamment « la sécurisation du médicament, la pharmacovigilance et l'addictovigilance », les médecins et les pharmaciens devront renseigner un registre national électronique de suivi de l’expérimentation (avec le consentement du patient).