Ville historique, maritime et haut-lieu de la culture bretonne : il n’est pas certain que Quimper évoque réellement cela en France, raison pour laquelle une visite dans cette cité du Finistère se justifie. Plantée dans les terres de Cornouaille, sans port marin, à l’inverse de Brest et de tant d’autres villes côtières, elle protège avec discrétion son patrimoine élégant du surtourisme.
Quimper, c’est d’abord l’Odet, ce fleuve côtier qui rejoint l’océan 18 km en aval, à Bénodet. Une petite saignée dans la ville mais une entaille vitale. Grâce à lui, Quimper a fait souche. Dès le Ier siècle après J.-C., l’eau de l’Odet stimule l’activité de poterie. La faïencerie, elle, s’implante quelques siècles plus tard. Toujours présente en 2020, elle est incarnée par l’atelier Henriot, fondé en 1690. Il y a fort à parier que les placards des ménages français contiennent tous un bol à oreilles marqué du prénom d’un enfant, spécialité immémoriale de la fabrique. Henriot protège ce savoir-faire ancestral et surfe aussi sur la mode, grâce à des créations design et des collaborations artistiques.
L’entreprise est restée fidèle au village de Locmaria, berceau de la ville, devenu quartier. On y trouve le musée de la Faïence, aménagé dans un ancien atelier. Des pièces magnifiques rappellent les périodes fastes de cette activité. Pascal Jaouen a aussi élu domicile à Locmaria. Ce brodeur hors pair et as de la haute-couture, qui s’inspire de la confection traditionnelle bretonne, tient école et atelier rue Haute. Quimper abrite également le siège de l’entreprise Armor Lux. La marque de vêtements marins et de prêt-à-porter puise son inspiration dans les valeurs de la Bretagne. Deux boutiques en ville et un magasin d’usine, zone de Kerdroniou, réservent leurs collections au public.
À Locmaria, il faut aussi s’attarder dans l’ancienne abbaye bénédictine, l’église romane et le jardin médiéval. Ils complètent la visite d’un quartier sans lequel Quimper n’aurait pas existé.
En amont, l’Odet coupe la ville en deux. Avant de s’y plonger, nouveau retour en arrière : quand le fleuve n’était pas encore envasé, les hautes marées hissaient vapeurs, goélettes et sloops jusqu’aux quais de la ville. Ils apportaient vin, sel et charbon, avant de repartir chargés en faïences, pommes de terre et toiles de Locronan. De vieilles cartes postales en témoignent.
De nos jours, la balade sur les quais trahit plutôt leur embourgeoisement. La rive gauche accueille le théâtre Max-Jacob (poète et romancier quimpérois) et de beaux hôtels particuliers. Quelques-uns sont devenus des banques ou des instituts. On peut les rejoindre par le boulevard Dupleix ou par de fines passerelles jetées sur l’Odet.
Ruelles et maisons à pans de bois
Nous parlions quelques lignes plus haut de l’ancienne abbaye bénédictine. Comment imaginer que les religieux aient pu se tenir à l’écart de la ville, dans cette région Bretagne historiquement marquée par la foi ? Au XIIIe siècle, un évêque entame rive droite la construction de la cathédrale Saint-Corentin. Elle a été agrandie au XVe, et ses flèches définitives en granit, hautes de 76 m, seront rebâties au XIXe.
Restauré, ce symbole de Quimper domine le centre avec majesté. À ses pieds s’étend le quartier « religieux », où s’imbriquent des bâtiments civils. Le Palais épiscopal, devenu musée départemental breton, côtoie l’Hôtel de ville et le musée des Beaux-Arts. Le quartier brille aussi par son écheveau de ruelles jalonnées de maisons à pans de bois et de… crêperies. Colombages colorés, galettes de blé noir : c’est la Bretagne iconique ! À apprécier sans retenue rues du Sallé et Kergariou, places au Beurre et Mesgloaguen.
Un affluent de l’Odet, le Steïr, coupe la rive droite en deux. Au sud, il délimite le secteur ducal, bâti en réplique au pouvoir sacré. Devenu le quartier Saint-Mathieu, il abrite peu de vestiges (hormis un moulin) mais incarne le renouveau quimpérois.
Passé l’affluent et ses maisons fleuries, la rue du Chapeau-Rouge projette vers le pôle culturel de Quimper. Autour de l’esplanade François Mitterrand trônent la médiathèque (dans l’ancien couvent des Ursulines), l’École européenne supérieure d’art de Bretagne (une ancienne caserne), le contemporain Théâtre de Cornouaille et le récent centre de congrès Le Chapeau Rouge.
Les traditions bretonnes à Quimper sont également incarnées par le festival Cornouaille. Organisé en juillet et proposé en version réduite en 2020 pour cause de Covid-19, cet événement culturel de musique, bagadoù et danses traditionnelles, a réservé de nouvelles dates mi-décembre. Un alibi de plus pour filer en Bretagne avant les fêtes !