Le ministère de la Santé a cadré l’organisation de cette vaccination dans un guide à destination des professionnels de santé. Le recueil du consentement se fait dans le cadre du droit et des règles habituelles : délivrance d’une information loyale, claire et appropriée, respect du consentement libre et éclairé de la personne. Le temps d’information a lieu lors d’une consultation prévaccinale afin d’éliminer d’éventuelles contre-indications et de recueillir le consentement. Il n’est écrit nulle part la nécessité de respecter un délai de réflexion de cinq jours, pas plus que celle d’obtenir un consentement écrit. L’accord du patient est ensuite noté dans son dossier médical.
« Nous ne sommes pas loin de ce qui se passe tous les jours en matière de consentement aux soins, si ce n’est la possibilité de délivrer une information collective aux résidents, lors de réunions pédagogiques, avant le temps d’information plus personnalisé », souligne le Dr Miguel Jean, directeur de l'Espace de réflexion éthique des Pays de la Loire. Et d'ajouter : « Il est très difficile pour les résidents et leur famille de faire la part des choses dans la masse d’informations qui leur parviennent. Le rôle du médecin traitant est de les aider à faire le tri. »
Certes, poursuit-il, « la vaccination est urgente, mais il convient de respecter un temps de réflexion entre la délivrance de l’information et le recueil du consentement ».
« Il y a quelques semaines seulement, les anciens étaient très nombreux à dire : "Je ne veux pas servir de cobaye, je ne me ferai pas vacciner". Aujourd’hui, je constate sur le terrain qu’ils s’en remettent davantage à l’avis de leur médecin traitant. La question qui revient le plus souvent est : "Et vous Docteur, qu’allez-vous faire pour vous-même et votre famille ?" », témoigne le Dr Luc Carlier, président du Conseil régional de l'Ordre des médecins des Pays de la Loire et médecin généraliste.
Quid des personnes désorientées ?
Si la personne âgée n’est pas en mesure d’exprimer son consentement, il est prévu par ce même guide que la décision sera prise après consultation du représentant légal ou du tiers de confiance. « La majorité des patients en EHPAD a toute sa tête et peut décider en conscience de se faire vacciner ou non », estime le Dr Carlier.
Néanmoins, des difficultés pourraient surgir en l’absence de personne de confiance désignée. « Il est fréquent qu’au sein d’une même famille, on trouve des pro et anti-vaccins parmi les frères et sœurs. Cela peut alors compliquer la prise de décision », illustre le Dr Jean.
Et ensuite ?
« La consultation prévaccinale va rester obligatoire en EHPAD et auprès des personnes fragiles. Mais, pour tous les autres patients, elle devrait disparaître en même temps que l’élargissement de la vaccination. Je pense que c’est une décision adaptée. Nous avons déjà eu l’occasion de répondre aux nombreuses questions de nos patients lors des consultations des mois passés », souligne le Dr Carlier.
En revanche, une inconnue plane : dans quelques mois, comment se déroulera la cohabitation des résidents vaccinés et non-vaccinés ? Leur proposera-t-on des activités séparées ? « Allons-nous vers une société à deux vitesses, avec d’un côté les vaccinés qui pourront se passer du masque, et les non-vaccinés qui devront continuer à respecter les gestes barrières ? Ou bien tout le monde devra-t-il maintenir les gestes barrières ? », interroge le Dr Jean. L’une des multiples questions soulevées par cette crise sanitaire inédite.