Les prescriptions pour le traitement des reflux gastro-œsophagiens (RGO) ne sont pas toujours appropriées chez les nourrissons de moins de 1 an. Pour optimiser la prise en charge, la Haute Autorité de santé (HAS) édite une fiche pratique. Et recadre la prescription des IPP.
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont trop fréquemment prescrits et rarement justifiés chez les nourrissons de moins de 1 an souffrant de reflux gastro-œsophagien (RGO), estiment, depuis plusieurs années, les autorités de santé. D’autant qu’ils ne sont pas indiqués à cet âge.
Pour améliorer la prise en charge du RGO dans cette classe d’âge et « éviter une surmédicalisation », la Haute Autorité de santé (HAS) édite aujourd’hui une fiche pertinence afin de rappeler les recommandations. À commencer par distinguer le RGO physiologique (régurgitations simples) du RGO pathologique (régurgitations persistantes ou excessives associées à un refus de s’alimenter, pleurs persistants inhabituels, traces de sang dans les régurgitations, irritabilité lors de l’alimentation, retard de croissance ou troubles du sommeil) qui peut entrainer des complications (œsophagite, manifestations ORL ou respiratoires…). Des vomissements en jet devenant fréquents chez un enfant de 2 à 8 semaines jusque-là en bonne santé et dont l’appétit est conservé mais qui ne prend plus de poids, des vomissements bilieux (vert fluorescent) et une distension abdominale ou une fontanelle bombée sont des signes d’alerte qui doivent conduire à une prise en charge en urgence.
Si le RGO physiologique ne nécessite pas de prise en charge médicamenteuse, certains médicaments peuvent être utilisés pour réduire les sécrétions acides de l’estomac dans le reflux pathologique, notamment les anti-acides. Moins les IPP, qui « ne sont pas anodins, surtout dans cette population, puisqu’ils peuvent provoquer des effets indésirables (maux de tête, nausées, diarrhée, constipation…) et augmenter le risque d’infections gastro-intestinales ou respiratoires graves », insiste la HAS, qui réserve les IPP au traitement (hors AMM) de l’œsophagite par reflux et au RGO pathologique occulte (absence de régurgitations extériorisées mais présence d’au moins deux signes de RGO pathologique) attesté par un examen complémentaire.
La HAS rappelle aussi qu’il faut rassurer les parents, et met à leur disposition une brochure avec des conseils. Les régurgitations sont fréquentes avant l’âge d’un an et touchent près de 70 % des nourrissons âgés de 4 mois. La plupart du temps, il s’agit de régurgitations simples qui disparaissent naturellement avec la diversification alimentaire et l’acquisition de la marche.