« L’INDÉPENDANCE est au cœur de la politique d’Alphega », selon Ornella Barra, vice-présidente de Walgreens-Boots-Alliance et chargée du développement de « l’International Retail » du groupe. Un groupe qui a basé son développement à la fois sur son propre réseau de pharmacies, qu’il détient en nom propre, et sur un groupement de pharmaciens indépendants, réunis au sein de l’entité Alphega (voir encadré). « Une dualité qui ne constitue en rien une ambiguïté, explique Caitlin Sorrel, directrice générale d’Alphega Pharmacy Europe, en charge de la direction stratégique du groupement, mais vise à répondre à la logique de chacun des dix-neuf pays où le groupe est implanté. »
Au sein de Walgreens-Boots-Alliance, le groupement Alphega Pharmacy semble donc poursuivre sa vie en toute indépendance. Ou plutôt dans le cadre d’une certaine autonomie, puisque l’objectif réaffirmé par Alphega à l’occasion de sa septième convention européenne est plus que jamais de « créer une marque unique à travers toute l’Europe pour satisfaire au mieux les patients ». Une ambition qui a conduit les dirigeants à faire passer sous l’enseigne Alphega les officines néerlandaises adhérentes ainsi que les pharmacies allemandes jusqu’alors identifiées comme Vivesco.
Conséquence : Alphega Pharmacie peut désormais afficher un nombre d’adhérents « supérieur à 6 000 et une présence dans neuf pays », puisque les premiers pharmaciens turcs viennent d’adhérer. Et ce ne devrait être qu’une étape dans la stratégie de développement du groupement, dans la mesure où « un pilote va démarrer au mois d’avril afin de vérifier que le concept d’Alphega Pharmacie est bien adapté au marché turc », explique Caitlin Sorrel qui a d’ailleurs tenu à rappeler que, en l’espace de deux années, le groupement « avait grandi de manière incroyable, en faisant progresser de 50 % le nombre de ses adhérents ».
Et ce n’est pas fini, a-t-elle martelé devant un millier de congressistes venant de huit pays et « gonflés à bloc ». Impossible pour autant d’en savoir plus. Les velléités de croissance d’Alphega Pharmacie sont une évidence, mais « les détails relèvent de la stratégie et sont donc confidentiels ».
Stratégie digitale.
Seule certitude : la politique de marque sera poursuivie et amplifiée tout au long de cette année avec la création d’un portail Internet commun. Un portail synonyme d’uniformité et qui contribuera aussi à asseoir la marque Alphega. Car « la dynamique d’une marque dépend de sa présence sur la Toile ». Ce portail constitue toutefois la première étape de la stratégie digitale du groupement qui entend également profiter de la Toile pour développer les ventes de ses adhérents. Si le e-commerce fait clairement partie des priorités d’Alphega Pharmacie, le groupement n’entend pas cependant se limiter à des ventes virtuelles.
Alphega compte bien également surfer sur Internet pour « mettre en place une stratégie cross canal qui vise à capter un patient surfeur pour le faire venir sur le point de vente », explique Laurence Bouton, directrice d’Alphega Pharmacie France. Fort des résultats d’une récente étude qui a révélé que « 54 % des patients consommateurs achetant des produits de soins en ville souhaitaient une présence physique au comptoir », le groupement espère donc à la fois développer les ventes à distance de ses adhérents et générer du trafic sur le lieu de vente. « À charge pour chaque officinal de savoir séduire les patients/consommateurs et de les convaincre de se rendre à l’officine », précise Florence Foucault, directrice marketing d’Alliance Healthcare, avant d’ajouter : « ne pas être sur Internet équivaudrait à perdre des clients ».
Services à la personne.
Pas question pour autant de déroger aux règles juridiques locales. Et en particulier à la législation française qui « oblige chaque site Internet à être rattaché à une pharmacie réelle », ajoute Laurence Bouton. Chaque officine hexagonale membre d’Alphega Pharmacie disposera donc de son propre site, sur lequel il pourra non seulement faire figurer des informations le concernant, et donc contribuant à sa personnalisation, mais également proposer des produits aux prix qu’il aura choisis. « Chaque adhérent du groupement pourra ainsi proposer des rdv en ligne pour les entretiens pharmaceutiques et disposera d’une gamme commune avec un positionnement prix qui lui sera propre et variera entre bas, moyen et élevé », précise encore Florence Foucault. Pour atteindre cet objectif le groupement entend se donner le temps de la réflexion. Soit neuf mois. « Le temps qu’un pilote soit réalisé en France et un autre en Grande-Bretagne », ajoute Florence Foucault. Ces pilotes permettront également au groupement d’affiner sa réflexion vis-à-vis des technologies de l’information et des services à la personne. Car « l’enjeu majeur pour les prochaines années ce sont les technologies de l’information, et en particulier celles qui permettront de prendre en charge les pathologies chroniques telles que l’obésité », explique à son tour Guillaume Nebout, responsable du développement des services aux professionnels au sein d’Alliance-Boots. Ces nouveaux services permettront en effet à chaque pharmacien de proposer à chacun de leurs patients « un accompagnement encore plus personnalisé ». D’où l’intérêt de disposer d’outils performants issus des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).
Dans l’optique de « satisfaire au mieux les patients », Alphega Pharmacy a donc mis en place deux expérimentations. La première, en Allemagne, « vise à évaluer l’état des artères et à dépister une éventuelle hypertension artérielle (HTA) par le pharmacien ». La seconde, en Norvège, aura pour finalité le dépistage du mélanome. Deux pilotes qui devraient également permettre de résoudre le problème central lié aux données de santé : la confidentialité. Il sera alors temps pour Alphega Pharmacy de les « intégrer à une plateforme de services qui sera déployée à partir de 2016 ». Et ainsi aux membres du groupement d’« être acteurs de leur avenir ».