Malgré un léger ralentissement, la baisse du nombre de fumeurs s’est poursuivie entre 2017 et 2018 pour atteindre un total de 1,6 million de fumeurs en moins en deux ans. Après des années de stagnation, alors que les pays voisins amélioraient leur prévalence, la France marque des points. Sa recette ? Augmentation régulière du prix du tabac (le paquet le plus vendu doit atteindre les 10 euros en 2020), paquet neutre, opération Moi(s) sans tabac depuis 2016, prise en charge des substituts nicotiniques (et du Champix) par l’assurance-maladie…
Le taux de prévalence du tabagisme quotidien baisse ainsi de 4 points en 2 ans pour atteindre 25,4 % (28,2 % des hommes, 22,9 % des femmes) et la consommation journalière recule également à une moyenne de 13 cigarettes ou équivalent. Mais en y ajoutant les fumeurs occasionnels, ce taux de prévalence grimpe à 32 % (35,3 % des hommes, 28,9 % des femmes), ce qui reste élevé en comparaison avec les niveaux observés en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas (25 %), en Italie (20 %) ou en Grande-Bretagne (16 %). De plus, les améliorations ne sont pas observées dans toute la société. Ainsi la prévalence est très différente entre diplômés (19,4 %) et les niveaux bac ou inférieur (28,2 %). Les chômeurs sont particulièrement touchés (39,9 %). Mais, selon Santé publique France, l’écart ne se creuse plus depuis deux ans.
13 % des décès sont liés au tabac
Ces bons résultats n’ont pas encore de répercussions sur les chiffres de la mortalité liée au tabac. D’abord pour une raison technique : en la matière, les derniers chiffres disponibles sont ceux de l’année 2015. Ensuite parce qu’il faut prendre en compte une « période de latence qui sépare la consommation tabagique de la survenue des maladies et la persévérance d’un risque élevé pour certaines maladies, même chez les anciens fumeurs ». Ainsi, le tabac a fait 75 320 morts en France en 2015 (55 420 hommes et 19 900 femmes) sur les 580 000 décès enregistrés cette année-là, soit environ 13 % de l’ensemble des décès, proportion équivalente à celle observée en 2013 avec 73 000 décès. Si les hommes sont particulièrement touchés (19 %) par rapport aux femmes (7 %), la tendance s’inverse : entre 2000 et 2015, les décès liés au tabac baissent de 11 % chez les hommes alors qu’ils sont multipliés par 2,5 chez les femmes, passant de 8 000 à près de 20 000 décès. Une évolution qui s’explique par une diminution globale du tabagisme chez les hommes depuis 1970, mais une augmentation chez les femmes. Quant aux causes de décès liés au tabac, les cancers constituent la majorité des cas (61,7 %), avec en premier lieu le cancer du poumon, puis les maladies cardiovasculaires (22,1 %) et les pathologies respiratoires (16,2 %).