Les régimes low carb, populaires depuis une vingtaine d'années, visent à limiter les apports en sucres et en glucides raffinés. Pourtant la sécurité de ces régimes a été mise en doute par diverses études, qui ont suggéré qu'ils pouvaient augmenter le risque de maladie cardiovasculaire, de morbidité totale et liée aux cancers ainsi que la mortalité totale. Les résultats de ces études, souvent non contrôlées, étaient toutefois controversés. Ce qui a conduit à mettre en place une analyse prospective des liens entre ce type de régime et le risque de décès cardiovasculaire ou par cancer à partir des données de la cohorte NHANES (près de 25 000 patients suivis 6,4 ans en moyenne) et d'une méta-analyse de 7 études prospectives (près de 450 000 patients suivis en moyenne 15,6 ans).
Risque accru de décès avec le régime low carb
Dans l'étude NHANES, les personnes dont la consommation en hydrates de carbone était la plus basse avaient un risque accru de décès de toutes causes, par cancer, maladie coronaire ou accident vasculaire cérébral, comparativement à celles ayant la consommation la plus élevée : odds ratio respectivement de 1,32 (IC 95 % 1,14-2,01, p < 0,001), 1,35 (IC 95 % 1,06-1,69, p < 0,001), 1,51 (IC 95 % 1,19-1,91, p < 0,001) et 1,50 (IC 95 % 1,12-2,31, p < 0,001).
Le lien entre le risque de décès de toutes causes et les régimes low carb était plus marqué chez les sujets non obèses que chez les obèses (indice de masse corporelle > 30 kg/m2) et chez les sujets âgés de plus de 55 ans comparativement aux moins de 55 ans.
Les résultats de la méta-analyse vont dans le même sens : le risque de décès de toute cause est augmenté de 15 % (p < 0,001), celui de décès cardiovasculaire de 13 % (p < 0,001) et celui de décès par cancer de 8 % (p = 0,02) chez les sujets ayant un régime pauvre en hydrates de carbone comparativement à ceux en consommant le plus.
Les mécanismes de ces associations délétères sont mal compris, mais pour les auteurs, ces données incitent à la prudence en matière de régime très pauvre en hydrates de carbone sur le long terme.
Baisse de la mortalité due aux produits laitiers
Ces mêmes chercheurs se sont penchés sur l'impact des produits laitiers sur le risque de maladies cardiovasculaires et de cancers. Des produits mis sur la sellette en raison de leur teneur élevée en graisses saturées. Toujours sur la base des données colligées dans la cohorte NHANES, ils ont montré que la consommation de produits laitiers dans leur ensemble est associée à une réduction de 2 % de la mortalité totale et que la consommation de fromages est associée à une baisse de 8 % de la mortalité totale. Les décès d'origine cérébrovasculaire sont réduits de 4 % en cas de consommation de produits laitiers et de 7 % en cas de consommation de lait, qui avait pourtant été pointé du doigt dans une étude suédoise publiée l'an dernier. Une méta-analyse de 12 études de cohorte prospectives portant sur un total de plus de 600 000 patients suivis pendant 15 ans retrouve une baisse de la mortalité totale avec la consommation de produits laitiers, avec cependant une augmentation de 4 % des décès cardiovasculaires chez les gros buveurs de lait.
D'après les présentations du Dr Maciej Banach (Lodz, Pologne).
Congrès de l'European society of cardiology (ESC).