Coordonnée par Danielle Roquier-Charles, cette après-midi très dense a d’abord rappelé les spécificités des prescriptions chez les patients âgés, ainsi que les lourdes conséquences des polymédications inappropriées ou problématiques chez ces derniers, d’autant que les risques iatrogéniques augmentent régulièrement avec l’âge.
La réalisation d’un BPM est soumise à l’accord du patient et articulée autour de 4 étapes formalisées. Elle déclenche une rémunération de 60 euros, complétée par des suivis d’observance, et illustre aussi le rôle croissant des pharmaciens dans les programmes de santé publique. Il n’en reste pas moins que seuls 15 000 BPM ont été réalisés par les officines depuis le printemps dernier, soit bien moins que les 200 000 initialement prévus pour 2018. Au-delà du rappel des principales iatrogénies et de leurs conséquences, la rencontre UTIP s’est penchée sur les causes de la « timidité » des pharmaciens quant à la réalisation de ces bilans. La complexité et la lourdeur des procédures, et ce dès la recherche de patients éligibles au BPM, peuvent expliquer cette situation.
Respectivement installés dans des zones rurales de Meurthe-et-Moselle et du Bas-Rhin, Julien Gravoulet et Alexandra Gaertner ont présenté à leurs confrères la manière dont ils organisent la réalisation des BPM dans leur officine, non sans souligner qu’une telle activité doit impliquer l’ensemble de l’équipe. Attitude face au patient, information de ce dernier et du médecin, recherche de documentation, réalisation des entretiens puis mise en œuvre et analyse du bilan, le succès des BPM passe par une méthodologie rigoureuse.
Une démarche appréciée par les patients
À l’issue des exposés, une table ronde réunissant des officinaux et un médecin généraliste a rappelé que 62 % des généralistes se prononcent pour une meilleure collaboration avec les pharmaciens en matière de polymédication. En pratique, si certains médecins répondent déjà positivement aux suggestions des pharmaciens contenues dans les BPM, d’autres semblent encore ne pas y prêter le moindre intérêt. Et, entre les deux, certains médecins ne répondent pas directement aux pharmaciens… mais modifient d’eux-mêmes leurs prescriptions suivantes. Dans tous les cas, observe Julien Gravoulet, « même si le médecin ne change rien ou ne répond pas, les patients apprécient la démarche du BPM ». Celle-ci, ajoutait Sophie Sergent, installée dans le Pas-de-Calais, « change aussi le regard des patients sur notre profession ».
Pour Alexandra Gaertner, dont l’officine a déjà réalisé 47 BPM validés depuis le mois de mars, les procédures sont certes lourdes, mais leur bonne organisation peut aider les pharmaciens à rattraper leur retard. Elle appelle ses confrères à « se lancer » et à en réaliser encore une vingtaine chacun. Les BPM bousculent les habitudes de tout le monde, tant celles du patient que celles du pharmacien et du médecin, a conclu le président de l’UTIP, Alain Guilleminot, mais ces nouvelles missions conditionnent l’avenir de la profession.
1) Conformément à l’avenant n° 12 de la Convention nationale pharmaceutique.
D'après une table ronde organisée par l'UTIP lors du 71e Congrès national des pharmaciens à Strasbourg.