Revenant sur l'histoire du laboratoire Biogaran, son président fondateur Pascal Brière se félicite d'autant plus de sa réussite que les débuts ont été chaotiques. Ce nouvel acteur de l'industrie pharmaceutique est présenté aux médecins en 1997, mais les prescriptions ne suivent pas. Tout le monde l'avait prédit : le générique ne peut pas fonctionner en France car les prix pratiqués sont trop bas. C'était sans compter le droit de substituer du pharmacien voté en 1999. « Biogaran a toujours été au cœur de la construction du marché du générique. Aujourd'hui, nous comptons 856 spécialités pharmaceutiques différentes, dans quasiment tous les domaines thérapeutiques, 270 millions de boîtes Biogaran sont délivrées au patient à l'année, soit 4 boîtes Biogaran par personne, ce qui représente 10 % des sorties d'officine en France en volume. Nous avons donc une responsabilité sanitaire importante à l'heure des ruptures de stock… D'ailleurs il n'y en a pas chez Biogaran », affirme Pascal Brière. Le chiffre d'affaires 2016 s'élève à 700 millions d'euros et il devrait être de 727 millions pour l'exercice 2017.
Un succès qui repose à la fois sur un positionnement comme partenaire privilégié du pharmacien, sur une capacité à « regarder le médicament avec le regard du patient » et sur une organisation originale s'appuyant sur de nombreux partenaires français et européens pour la R & D et la fabrication. Une réussite qui fait aussi la part belle à l'audace. Si Biogaran met un point d'honneur à lancer ses génériques le jour même de l'expiration du brevet du princeps, il lui arrive d'être plus agressif. Ayant repéré une faille dans le brevet du Crestor, il a lancé avec 9 mois d'avance sa rosuvastatine zinc. « Un premier jugement en référé nous a donné raison en 2016, nous attendons le jugement sur le fond fin 2017 ou courant 2018, mais les génériques contenant la rosuvastatine calcium seront lancés au 31 décembre prochain », note Pascal Brière.
Nouveaux défis
Place maintenant à de nouveaux défis. Outre son implication dans le développement du marché des génériques, Biogaran s'engage désormais résolument dans le monde des biosimilaires grâce à son partenariat avec le coréen Celltrion. Il compte à son actif le lancement de Remsima (infliximab) en 2015 et de Truxima (rituximab) il y a quelques jours, qui font de lui le numéro 2 des biosimilaires à l'hôpital derrière Hospira. À venir ? Le trastuzumab, biosimilaire d'Herceptin dont le brevet va chuter en 2018. Son concurrent coréen Samsung Bioepis vient tout juste d'obtenir le feu vert européen du comité des médicaments à usage humain. Quant à une extension à l'international, elle a déjà commencé par une prise de participation à 80 % dans un laboratoire brésilien en 2012 et le récent rachat d'une entreprise nigériane. « Nous continuons les investigations, en Amérique Latine notamment. »
Enfin, Biogaran reste très investi sur le marché des génériques. Selon ses projections à 10 ans, les génériques représenteront 70 % des médicaments vendus à l'officine versus 46 % actuellement. « Il n'y a plus d'antagonisme comme on a pu connaître chez les médecins. La ROSP a été un élément important, tout comme le plan national de développement du générique également qui a identifié 90 facteurs de blocage, proposé des solutions pour chacun qui ont été suivies point par point en y associant le Collège de médecine générale. La campagne de communication, qui a donné la parole aux médecins, a été excellente. L'assurance-maladie poursuit sa chasse aux mentions non substituable et, preuve du chemin parcouru, un syndicat de médecins vient de demander l'abrogation du NS ! », se réjouit Pascal Brière. L'heure est donc à l'optimisme, Biogaran annonçant « de belles perspectives pour les deux prochaines décennies ».
D'après une conférence de presse de Biogaran.