Le 25 mars 2012 lors du dernier salon Pharmagora, l’Association Française des Pharmaciens Catholiques a organisé un débat intitulé : « Génériques : comment restaurer la confiance ? » Pas question de faire un plaidoyer contre les génériques et de remettre en cause leur utilité. Les deux intervenants l’ont réaffirmé : le générique par son faible coût a permis d’une part de réaliser d’énormes économies au niveau des budgets de santé, d’autre part de favoriser l’accessibilité au médicament dans le monde entier. Le Dr Rémy Gauzit, chef de service de la réanimation de l’Hôtel-dieu, et, jusqu’en décembre 2011, vice-président du groupe de traitement anti-infectieux de la commission d’AMM de l’AFSSAPS, a cité un certain nombre d’articles qui démontrent une différence entre les génériques d’antibiotiques et leurs présentations princeps, avec, comme conséquences, une moindre efficacité et le risque de sélection de mutants résistants. Concernant ce risque, il a signalé que, depuis 2010, les nouveaux génériques sous forme de suspension orale pour enfants sont soumis à des études de goût, car il a été établi qu’une mauvaise acceptabilité entraîne des risques de sous-dosage et d’augmentation de résistance des germes. Enfin il a souligné l’absence d’évaluation clinique des génériques.
Par ailleurs le Pr Alain Lejeune, enseignant en droit pharmaceutique à l’université de Louvain et consultant pour l’industrie pharmaceutique, a évoqué la question du référencement des génériques : priorité aux « génériques garantis », c’est-à-dire les autogénériques ou les copies conformes, choix des génériques ayant les mêmes excipients que le princeps, préférence pour des lieux de production qui garantissent une fabrication selon des normes précises. Il a noté aussi qu’il existe les mêmes différences entre lots de génériques qu’entre lots de princeps, en raison d’une certaine variabilité des matières premières occasionnant des différences de biodisponibilité. Mais on peut regretter que la définition du générique considère « comme une même forme pharmaceutique » toutes les formes orales à libération immédiate, ce qui n’est pas toujours le cas.
Conclusion : comme tout médicament, le générique devant être un produit de qualité, ce sont tous les acteurs, de sa fabrication jusqu’à sa dispensation, qui doivent participer à cette démarche afin de restaurer la confiance. De là l’importance d’une harmonisation au niveau mondial de critères d’évaluation qui fassent consensus entre les experts pour garantir cette qualité. Une pharmacovigilance de qualité doit également s’instaurer chez les officinaux en vue d’écarter les formes de moindre efficacité thérapeutique. En faisant connaître leur démarche auprès des patients comme auprès des prescripteurs, les officinaux pourront ainsi faire valoir leur compétence à ce niveau.