La dermatite atopique (DA) est une dermatose inflammatoire fréquente qui peut affecter jusqu'à 20 % des enfants et 10 % des adultes selon le pays. L'évolution se fait par poussées avec des périodes de rémission. Le prurit induit des lésions de grattage qui peuvent être colonisées secondairement par Staphylococcus aureus. Elle est caractérisée par une altération de la barrière cutanée, des modifications immunologiques et du microbiote cutané..
Des mutations du gène de la filaggrine, une protéine clé de la couche cornée, sont fréquentes. « Cette diminution de fonction de la barrière cutanée permet la pénétration des allergènes, les kératinocytes et les cellules immunitaires sont activés et produisent des cytokines pro-inflammatoires. Tous ces éléments entraînent une inflammation chronique », explique le Pr Carle Paul (CHU de Toulouse).
Les nouvelles stratégies
Ces nouvelles connaissances sur la pathogenèse de la dermatite atopique permettent de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques.
C’est ainsi que le dupilumab, un anticorps monoclonal inhibant les effets de l’IL-4 et de l’IL-13, cytokines qui jouent des rôles clés dans la physiopathologie de la maladie, a été développé chez l’adulte atteint de DA modérée à sévère, résistante aux soins locaux (émollients et dermocorticoïdes). Il a obtenu une AMM européenne en 2017 et devrait être disponible en France prochainement (actuellement en ATU). D’autres biothérapies et petites molécules sont à l’étude : tralokinumab (anti-IL13), nemolizumab (anti-IL31) ainsi que des anti-JAK. Tout l’enjeu sera de bien identifier les patients éligibles, compte tenu notamment du coût de ces médicaments.
D’ores et déjà, le dupilumab a été introduit dans les nouvelles « Recommandations basées sur un consensus européen pour le traitement de l'eczéma atopique de l'adulte et de l'enfant » qui viennent d’être publiées* et dressent un panorama complet des possibilités de traitements.
Intérêt des émollients « plus »
« Ces recommandations insistent sur l’utilisation, la plus large possible, des émollients, quel que soit le traitement associé afin d’améliorer la fonction barrière de la peau, rappelle le Pr Andreas Wollenberg (Allemagne). La dose minimum est de 250 g par semaine chez un adulte et de 100 g/semaine chez un enfant. » Leur efficacité sur la sécheresse cutanée et la prévention des rechutes a été démontrée. Les émollients avec un taux élevé de lipides sont préférables en hiver. « Il existe aussi aujourd’hui, des émollients « plus » qui contiennent des substances actives, à l’action anti-inflammatoire par exemple, tels les flavonoïdes dans l’Avena Rhealba ou encore un extrait issu de culture d’Aquaphilus dolomiae dans l’eau d’Avène… », souligne le Pr Andreas Wollenberg.
* Wollenberg A, et al Consensus-based European guidelines for treatment of atopic eczema (atopic dermatitis) in adults and children : part II.J Eur Acad Dermatol Venereol. 2018 ; 32 (6) : 850-878.
Rencontres organisées par Pierre Fabre Dermo-cosmétique.