LE COMITÉ Nobel a distingué l’Américain Richard Heck, 79 ans et les Japonais Ei-ichi Negishi, 75 ans, et Akira Suzuki, 80 ans. Leurs découvertes permettent à des centaines de scientifiques de synthétiser de nombreuses substances présentes dans la nature à travers le monde, des mers italiennes aux océans des Philippines à la jungle indonésienne de Bornéo, explique le comité. Les trois chimistes sont récompensés pour leurs travaux sur le couplage croisé catalysé au palladium, un ensemble de réactions chimiques du carbone obtenues grâce à un catalyseur utilisant le métal précieux. Chacun des trois lauréats, salués pour avoir fait « du grand art dans une éprouvette », a donné son nom à une de ces réactions chimiques. « La réaction Heck, la réaction Negishi et la réaction Suzuki sont d’une importance considérable pour les chimistes, selon le comité Nobel, car ils permettent la création d’éléments chimiques toujours plus complexes » et sont « d’importants outils pour la recherche de nouveaux médicaments.» Elles ont par exemple permis la synthèse du diazomanide A, tiré d’un petit invertébré marin des Philippines, qui se révèle efficace contre les cellules cancéreuses du côlon, ou encore la dragmacidine F, présente dans une éponge marine italienne, utilisée contre l’herpès et le sida. Le processus chimique est aussi utile dans la recherche d’antibiotiques contre les bactéries résistantes ou encore dans l’industrie électronique pour produire des écrans ultraplats (quelques millimètres).
Même si les premières réactions de ce type ont été faites il y a plus de
40 ans par Richard Heck dans son laboratoire du Delaware, « elles sont toujours améliorées et développées », souligne le comité. « Les découvertes de Richard Heck, Ei-ichi Negishi et Akira Suzuki sont déjà d’une grande importance pour l’humanité. Néanmoins, si l’on prend en compte les développements en cours dans les laboratoires à travers le monde, ces réactions vont probablement devenir encore plus importantes dans le futur. »